Les Belges épargnent plus que jamais

Depuis le début de l’année, les comptes d’épargne belges font le plein, malgré des taux d’intérêt relativement bas. Les ménages se protègent contre la crise et les prochains efforts budgétaires des pouvoirs publics…

Plus de 175 milliards d’euros de dépôts : jamais les comptes d’épargne n’avaient connu un tel succès dans notre pays (1). Depuis 1er janvier dernier, ce sont pas moins de 25 milliards d’euros qui ont rejoint ce placement financier populaire. Coïncidence : c’est grosso modo la somme qui manque au gouvernement fédéral pour boucler le budget de l’Etat. Le déficit public n’est pas étranger au retour en force de l’épargne. Comme le rappelle régulièrement le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Guy Quaden, l’épargne des ménages compense le défaut d’épargne des pouvoirs publics. Cette corrélation a toujours existé et elle se manifeste à nouveau clairement aujourd’hui.

D’autres phénomènes profitent au compte d’épargne. La crise financière a dégoûté beaucoup d’investisseurs de la Bourse. Chat échaudé craint l’eau froide : même si la tendance est à nouveau positive sur les marchés boursiers, depuis le début de mars, les boursicoteurs ont redécouvert les vertus des taux garantis. Et puis on ne sait pas de quoi demain sera fait…

Des milliards d’euros qui avaient quitté les caisses de Fortis, Dexia et KBC sont de retour. D’autant que la protection des dépôts via la garantie de l’Etat est passée à 100 000 euros en novembre 2008, contre 20 000 euros auparavant. Mais le réinvestissement a été réparti dans plusieurs institutions financières. Question de ne pas placer tous ses £ufs dans le même panier !

138 400 euros sans impôts

Le compte d’épargne doit sa popularité à son avantage fiscal, sans équivalent dans le monde financier belge. Pour rappel, en Belgique, les intérêts sont frappés d’un précompte mobilier de 15 %. Par exemple, les revenus provenant des obligations, des bons de caisse ou encore des comptes à vue subissent cette retenue à la source. Mais les intérêts des comptes d’épargne, eux, sont exemptés de cette taxe, à concurrence de 1 730 euros par épargnant en 2009. Le cas échéant, le prélèvement de 15 % s’applique automatiquement à la partie des intérêts qui dépasse ce seuil. Mais, si l’on tient compte d’un taux moyen de 2,50 % en 2009, l’une des meilleures rémunérations de l’épargne en ce moment, on peut placer jusqu’à 69 200 euros en compte d’épargne avant que le précompte ne s’applique. Un ménage peut épargner jusqu’à 138 400 euros (2 x 69 200 euros) sans payer le moindre impôt sur les revenus mobiliers de cette épargne.

Les atouts du compte d’épargne neutralisent les taux d’intérêt relativement bas actuellement. Plusieurs institutions financières viennent de réduire le niveau du taux de base ou de la prime de fidélité. La meilleure offre du moment consiste en une rémunération annuelle totale de 2,90 % (2,30 % de taux de base et 0,60 % de prime de fidélité). Mais on trouve aussi sur le marché une offre de 1 % annuel (0,75 % de taux de base et 0,25 % de prime). De façon générale, les offres les plus intéressantes tournent autour de 2,50 % (2 % de taux de base et 0,50 % de prime). C’est faible, diront ceux qui se souviennent des taux supérieurs à 4 % de l’été 2008. Ce n’est pas mal, répondront ceux qui songent au taux d’inflation négatif actuel(- 0,7 % en rythme annuel, en août). Les ménages belges, eux, ont fait leur choix : ils privilégient plus que jamais le compte d’épargne.

(1) Chiffre provisoire à la fin du mois de juillet (Bulletin statistique de la Banque nationale de Belgique, actualisation mensuelle, août 2009).

PHILIPPE GALLOY

 » L’épargne des ménages compense le défaut d’épargne des pouvoirs publics « 

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