Les ampoules à filaments condamnées

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Entre 2009 et 2012, les ampoules électriques classiques vont se faire plus rares dans les rayons. Jusqu’à en être tout à fait chassées. Place aux lampes économiques. Tout le monde ne s’en réjouit pas…

Aucun risque. La Commission européenne a balayé d’un revers de main l’inquiétude de certains membres du corps médical par rapport aux ampoules électriques économiques.  » A plus de 30 centimètres de distance de ces ampoules, il n’y a aucun risque sanitaire « , a affirmé un porte-parole, après que le comité d’avis scientifique appelé en renfort par la Commission se fut penché sur la question.

L’alerte avait été donnée par des médecins britanniques, préoccupés par la disparition annoncée des ampoules à incandescence au profit des ampoules économiques. La Commission européenne vient en effet de décider la disparition progressive des premières, entre 2009 et 2012 au plus tard, et leur remplacement par les lampes fluo-compactes. En conséquence, les ampoules à filaments de 100 watts quitteront les rayons dès septembre 2009, suivies en 2011 par les ampoules de 60 watts, et en 2012 par celles de 25 et 40 watts.

L’éclairage des logements particuliers sera concerné au premier chef, mais il en ira de même pour l’éclairage de bureaux, ainsi que l’éclairage public et industriel.

Objectif de la mesure : économiser l’énergie, bien sûr. Le recours massif aux ampoules économiques devrait permettre d’économiser, dans l’ensemble de l’Union européenne, l’équivalent de la consommation électrique de la Belgique d’ici à 2020. Dans la foulée, la planète devrait échapper à l’émission de 32 millions de tonnes de CO2.

Ces arguments ne sont pas remis en cause par certains membres de la communauté médicale. Ceux-ci redoutent néanmoins d’éventuels effets nocifs des ampoules économiques sur les personnes dont la peau est particulièrement sensible ou qui souffrent d’allergies cutanées. Ces lampes émettent en effet des rayons ultraviolets qui augmenteraient le risque de développer un cancer de la peau.

En outre, elles contiennent du mercure, certes en faible quantité, mais qui pourrait se répandre en cas de brisure de l’ampoule. Enfin, les ampoules économiques génèrent un champ magnétique dans un certain rayon.

 » Ces accusations méritent d’être nuancées, ont répondu en ch£ur les organisations environnementales (WWF, Greenpeace et Bond Beter Leefmilieu, notamment). Il ne faut pas s’alarmer inutilement.  » Ces organisations craignent surtout que les reproches formulés à l’égard des ampoules économiques ne provoquent une marche arrière des pouvoirs publics ou les réticences des consommateurs à modifier leur comportement d’achat.  » L’ampoule économique est pour l’instant la technologie à faible consommation d’énergie par excellence en ce qui concerne l’éclairage domestique « , affirment-elles.

Concrètement, dit-on sur les bancs environnementalistes, les ampoules fluo-compactes équipées d’une double enveloppe de verre ont peu de chances de se casser. A condition d’aérer la pièce pendant un certain temps, le mercure qui s’échapperait éventuellement d’une ampoule brisée ne représenterait pas de danger réel. Cette double paroi protège aussi le consommateur de pratiquement tous les rayons ultraviolets. Enfin, le rayonnement électromagnétique ne serait pas problématique si l’on se tient à une certaine distance de l’ampoule.

Le SPF (Service public fédéral) Santé publique considère d’ailleurs qu’il n’y a pas lieu, pour l’instant, de mettre en doute les affirmations du comité d’avis scientifique consulté par la Commission européenne. En tant qu’Etat membre, la Belgique garde toutefois la possibilité de remettre le sujet sur le tapis si elle avait des raisons de s’inquiéter pour ses consommateurs.

Laurence van Ruymbeke

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