Le tram, l’indispensable maillon du réseau

A l’horizon 2017, le tram devrait être la colonne vertébrale d’un tout nouveau réseau de transports en commun, à Liège. La décision de principe est acquise, reste à mettre le projet sur les rails.

Le gouvernement wallon l’a promis : Liège aura son tram. Pas celui dont la ville rêvait, peut-être un  » tram au rabais « , mais c’est un premier pas vers un nouveau réseau de transports en commun structurant pour l’agglomération.

D’ici à 2017, une ligne reliant Sclessin à Coronmeuse devra être finalisée. Les extrémités du parcours, Seraing et Herstal, ont été rayées du plan initial, provisoirement dit-on, pour des raisons de budget : de 500 millions d’euros, l’enveloppe a été revue à 330 millions par le ministre wallon André Antoine (CDH).  » Mais il faut prendre conscience que si on n’avait pas la candidature de Liège 2017, nous n’aurions pas de financement du tout, souligne le bourgmestre Willy Demeyer (PS), en charge de la mobilité. L’exposition est une opportunité de faire avancer des dossiers. Peut-être pas d’une manière qui contente tout le monde, mais à un moment il faut bien trancher. « 

Car le tracé de la ligne suscite toujours la polémique. Notamment dans le chef d’urbAgora, groupe de réflexion sur la mobilité et l’urbanisme à Liège, qui plaide pour une boucle dans la ville plutôt qu’une ligne de fond de vallée. Les Ecolos liégeois penchaient également pour cette idée, avant d’être désavoués par le ministre wallon de la Mobilité, Philippe Henry (Ecolo), qui a choisi le tracé Seraing-Herstal, aujourd’hui réduit à Sclessin-Coronmeuse.

 » De toute façon, une boucle était inacceptable politiquement : la Région n’aurait jamais accepté de financer un projet liégeo-liégeois, confie le bourgmestre. Par ailleurs, sa réalisation nécessiterait beaucoup d’expropriations, on n’a sans doute pas besoin de cela maintenant…  » Une seconde ligne, perpendiculaire à la première, serait actuellement à l’étude.

Un enjeu politique

Au-delà des discussions sur le tracé, le tram anime les débats au gouvernement wallon.  » Le ministre Antoine a lésé les intérêts des Liégeois, il a fait du tram l’instrument d’un chantage, d’un marchandage par rapport au centre pour sportifs de haut niveau, s’insurge Christine Defraigne, chef de groupe de l’opposition MR au conseil communal. Finalement, celui-ci s’implantera à Louvain-la-Neuve, et à Liège, nous obtenons un tram light, qui ne sera pas un élément fédérateur dans la communauté urbaine. On a une décision de principe sur le dossier, oui, mais le plus dur reste à faire…  » Trouver un investisseur privé, par exemple, pour mettre le tram sur les rails. Car le gouvernement wallon a opté fin mars pour un mode de financement basé sur un partenariat public-privé.  » Cela m’interpelle, ajoute la libérale. Ce n’est pas très clair, et au moindre recours introduit, nous ne pourrons pas tenir les délais. J’ai peur que les bases du dossier ne soient pas assez solides. « 

Plus globalement, le tram ne tient pas qu’en une ligne… Pour qu’il soit viable et profite à toute la population, il faudra réorganiser tout le réseau de transports en commun autour de cet axe structurant, et ainsi, à terme, arriver à  » diminuer le nombre de voitures en ville de 40 ou 50 %, indique Bénédicte Heindrichs, chef de groupe Ecolo, dans l’opposition au conseil communal. C’est indispensable : la pression automobile s’accroît, et les bus débordent « .

Restructurer l’offre du TEC ne suffira néanmoins pas à gommer les voitures du centre-ville. Des projets de parkings souterrains sont à l’étude ou en cours, notamment devant la Grand-Poste, quai sur Meuse.  » Et je vais relancer le dossier du parking du boulevard d’Avroy, signale le maïeur liégeois. Si tous les groupes du conseil communal sont d’accord, on pourra donner le coup d’envoi de ce projet, dont on parle depuis trente-cinq ans, avant les élections. « 

La Ville projette également de mettre en place des parkings de dissuasion en périphérie.  » Mais on ne voit rien venir, souffle Bénédicte Heindrichs. Par ailleurs, pour éviter le balai incessant de voitures dans le centre-ville, il faut une politique de stationnement plus dynamique, comme la pose de panneaux qui indiquent où se trouvent les parkings et le nombre de places encore disponibles pour orienter les automobilistes, à l’image de ce que l’on voit à Namur ou en Flandre. On nous l’avait promise, mais elle ne semble plus d’actualité. « 

Il y a encore du chemin à parcourir, à Liège, avant d’éliminer les voitures.

ANNE-CATHERINE DE BAST

 » Le ministre André Antoine a fait du tram l’instrument d’un chantage « 

Christine Defraigne

 » La Région n’aurait jamais accepté de financer un projet liégeo-liégeois « 

Willy Demeyer

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