Le retour de balancier

La plantureuse victoire des républicains à la Chambre des représentants est un camouflet pour Barack Obama. Mais le sauvetage de la majorité démocrate au Sénat et… la poussée des ultraconservateurs du Tea Party lui permettent d’entretenir l’espoir.

L’horizon de la seconde partie du mandat du président Barack Obama s’est considérablement obscurci après les élections du 2 novembre. Les électeurs qui devaient renouveler l’ensemble des sièges à la Chambre des représentants et un tiers de ceux du Sénat, s’ils ont fait basculer la majorité en faveur des républicains dans la première et maintenu la prédominance des démocrates dans le second, ont infligé plus qu’une demi-défaite au premier président noir des Etats-Unis.

C’est en effet une véritable vague rouge à laquelle l’élection des députés a donné lieu : les républicains ont raflé plus de 60 mandats à leurs adversaires, passant de 178 à environ 243 sièges. Une majorité très confortable face aux 192 élus démocrates annoncés. John Boehner, élu dans l’Ohio et promis au poste de speaker de la Chambre en remplacement de Nancy Pelosi, a estimé que  » le peuple américain avait, par son vote, réclamé une nouvelle politique à l’avenir à Washington « , en prenant pour exemples deux propositions des ultraconservateurs du Tea Party : la réduction des dépenses de l’Etat et la diminution de la taille du gouvernement.

La percée de ce mouvement créé en février 2009, un mois après l’investiture de Barack Obama, est l’autre tendance majeure qui émerge du scrutin. Le Tea Party a réussi à envoyer deux élus au Sénat, Rand Paul, vainqueur dans le Kentucky, et Marco Rubio, en Floride. Mais comment le parti républicain va-t-il gérer ce mouvement situé à sa droite ?  » C’est une équation à multiples inconnues, souligne le professeur de l’UCL Amine Aït-Chaalal, directeur du Centre d’études des crises et des conflits internationaux. Les républicains vont-ils réussir à les intégrer ou vont-ils être débordés par ceux-ci ? Ils ont deux ans, d’ici à l’échéance présidentielle, pour résoudre ce défi tout à fait considérable. Car, soit ils se tournent vers le centre et ils risquent de perdre cet électorat ultraconservateur, soit ils le ménage et ils se privent de regagner des voix centristes. C’est une équation très acrobatique, qui n’est pas pour déplaire à Barack Obama puisqu’elle laisse un jeu très ouvert pour le président démocrate. « 

Culture de cogestion

Le maintien d’une majorité démocrate au Sénat (51 élus contre 47 aux républicains et 2 indépendants) permet aussi d’entretenir l’espoir d’un second mandat pour Obama. Cette bipolarisation entre les deux branches du législatif forcera-t-elle une coopération entre républicains et démocrates ?  » La situation va devenir moins confortable pour les républicains, juge Amine Aït-Chaalal. D’une culture d’opposition, ils vont devoir passer à une culture de cogestion. Les Américains vont leur réclamer d’être constructifs. Même si les leaders du Tea Party vont les pousser à ne pas faire de cadeaux. Ils n’en ont pas fait pendant les deux premières années du mandat de Barack Obama. Il n’y a pas de raisons qu’ils en fassent davantage en étant majoritaires à la Chambre. « 

Dernier motif de consolation enfin pour les démocrates, le bon comportement de ses candidats dans l’important Etat de Californie : Barbara Boxer y est élue sénatrice et Jerry Brown succède au républicain atypique Arnold Schwarzenegger au poste de gouverneur. Cela ne compense cependant pas l’échec général et la défaite, symboliquement marquante, du candidat démocrate au Sénat, Alexi Giannoulias, dans l’Illinois, le fief d’un certain Barack Obama…

GéRALD PAPY

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