Le quiz de l’été

La légende prétend qu’il s’est glissé sur le siège de Premier ministre à reculons. Pas envie, pas motivé. Normal. Il était si bien sur son perchoir de la Chambre des représentants à observer ses semblables. Du sur-mesure pour un homme qui, avec le temps, s’est arrondi. Herman le véhément, le combattant jusqu’au-boutiste flamand, cédant au fil des ans la place à l’homme d’Etat responsable et un brin philosophe. Presque un sage. Même si, sous l’apparence tranquille, sommeille toujours un fin stratège politique qui maîtrise parfaitement tous les rouages, pièges et ruses de ce monde impitoyable. Albert II le lui a demandé. Il a fini par accepter. C’était le 28 décembre dernier et, depuis lors, Van Rompuy assume.  » Deviens ce que tu es « , selon la célèbre formule de Nietzsche ?

A sa boutonnière, l’accord tout neuf engrangé sur la question délicate des sans-papiers. Mais, déjà, son regard se porte ailleurs. L’institutionnel, certes, avec pour date butoir le 1er juillet prochain, qui verra la Belgique assurer la présidence de l’Union européenne. Impensable sans un compromis solide autour de BHV. Mais plus près encore, le Premier devra passer le cap des budgets 2010-2011, une échéance à hauts risques pour une majorité à flux tendu. Au menu : de l’austérité, rien que de l’austérité. Trop poli, trop responsable pour jouer les bonimenteurs, Herman nous mouline le même refrain : ce sera dur. Les promesses en l’air ? Ce n’est pas son genre. Pour preuve, l’interview-vérité qu’il vient d’accorder au quotidien français La Croix (édition du 27 juillet 2009).  » Le populisme n’est pas un monopole flamand ou belge. Il se retrouve dans la plupart des pays d’Europe (…). Mais même les partis traditionnels prennent des accents populistes. Le populisme, c’est jouer sur les sentiments et les solutions faciles : on veut plaire aux gens, on ne demande pas d’efforts, on brosse dans le sens du poil, on renforce une tendance individualiste et égoïste latente. C’est faire appel à l’intérêt particulier, sans demander à aucun moment un dépassement de soi-même, sans essayer d’aller à contre-courant pour défendre l’intérêt général. Le populisme devient un handicap pour tous ceux qui, dans des temps difficiles de globalisation, de crise économique et financière (…) , de menaces qui pèsent sur nos sociétés, cherchent malgré tout des accords et des solutions qui demandent des efforts.  »

Le tout lâché avec un détachement quasi zen. Mais qui a-t-il repéré dans son viseur ? A qui pense-t-il au sein de notre petit royaume ? Qui sont ces inconscients ? Où se cachent-ils ? Van Rompuy se garde bien de citer des noms. On cherche, on cherche. On suppute aussi. Il y aurait donc bien aussi, chez nous, des baratineurs, de droite ou de gauche (le populisme ne connaît pas de frontière idéologique), prêts à tout pour séduire un électorat de plus en plus inquiet face à la crise ? Des élus plus prompts à la dépense qu’à l’économie ? Des faiseurs de beaux jours, des émotifs qui ont si peur de décevoir qu’ils ont perdu inopinément leur calculette ? Qui ? C’est le quiz politique de l’été.

de Christine laurent

Mais qui Van Rompuy a-t-il repéré dans son viseur ?

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