Le premier jour

Il y a trois ans, personne ne croyait en lui. François Hollande a lancé sa campagne lors d’une rencontre à Lorient, en juin 2009. Tout son plan de bataille pour l’Elysée était déjà en germe.

Happy birthday, Mr. Hollande !  » Cela fait maintenant un an que je suis en campagne « , martèle le socialiste, qui s’est déclaré depuis son fief de Tulle (Corrèze), le 31 mars 2011. Dans les faits, le député s’est lancé dans la course il y a trois ans, dans l’indifférence générale d’une journée de tables rondes à Lorient (Morbihan), aux premiers jours de l’été 2009. Les journaux ne parlent alors que du décès de Mickael Jackson. L’ancien premier secrétaire du PS, lui, n’est plus qu’un has been, il n’intéresse guère. Un has been qui, sous ses airs bonhommes, vient d’arrêter un plan de bataille pour revenir diablement efficace – mais personne ne le sait encore.

 » En lançant un club, on voulait envoyer un signal à nos amis, pour qu’ils ne se dispersent pas dans la nature et qu’ils se préparent « , se rappelle l’eurodéputé Stéphane Le Foll. L’association des amis de Hollande doit s’appeler  » Changer à gauche « . Manque de chance, le nom appartient à des étudiants de Normale sup qui n’entendent pas s’en défaire. Va donc pour  » Répondre à gauche « . Quelque 500 personnes sont attendues, seulement 400 seront présentes.

Objectif : faire pré-si-den-tiel

Au palais des congrès déboule un Hollande new style, costume bleu foncé et lunettes à la monture transparente. Pour la première fois dans une réunion publique, une certaine Valérie Trierweiler s’affiche à ses côtés. Au déjeuner, un recueil des anciens discours du socialiste est distribué aux invités. La vieille gloire monte à la tribune avec un nouveau ton : fini les blagues – son péché mignon. Objectif : faire pré-si-den-tiel, voire ennuyeux, parler économie avec des accents churchilliens.  » Il faut s’adresser aux Français avec gravité, s’exclame-t-il, le visage encore rondouillard. L’après-crise sera une épreuve aussi rude que la crise elle-même. « 

A aucun moment, il ne cite le nom de Nicolas Sarkozy. L’orateur prône la suppression des stock-options, vante un  » pacte éducatif « , veut augmenter les impôts.  » Il faut relever certains prélèvements, reprendre des avantages accordés aux plus favorisés.  » La chasse aux riches est annoncéeà La stratégie hollandaise est déjà claire.

Sur le quai du retour, Hollande s’interroge sur son nouveau personnage.  » Mon discours ne manquait-il pas d’humour ?  » demande-t-il à un proche, comme pour se rassurer. Puis il prend place dans une voiture de 1re classe du TGV, près de Robert Hue, qui était invité à Lorient.  » Hollande semblait soulagé, se souvient l’ancien communiste. Il était comme quelqu’un qui vient d’accomplir sa mission, de franchir un pas important. « 

M. W.

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