Le numérique, chic !

Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Alors, cette révolution, elle avance ? La télévision numérique jurait de décoiffer le public. Promesses tenues ? Ce qu’il faut savoir avant de (devoir) suivre le mouvement.

Pas un pan de mur, un panneau d’affichage, un site Web ou une page de pub qui échappe actuellement à une communication d’opérateurs de télé numérique. C’est que le marché est dynamique – il vient d’ailleurs d’accueillir un nouveau joueur, TéléSat, lancé officiellement fin janvier, première offre légale de télé par satellite en Wallonie et à Bruxelles.

Et il profite d’une décision européenne qui a fixé à 2012 l’abandon de la radiodiffusion analogique au profit du numérique. Dans trois ans donc, en Communauté française (à la traîne par rapport à la Flandre), les ondes hertziennes de papa auront complètement cédé la place à des 0 et des 1 beaucoup plus trendy. La mort de l’analogique via le câble n’a, elle, pas été programmée impérativement, mais il semble évident que les opérateurs lui signifieront l’arrêt effectif presque en même temps.

Débarquée chez nous il y a près de quatre ans et portée par Belgacom TV et Telenet, la télévision numérique promettait de révolutionner notre quotidien, dans lequel la consommation du petit écran occupe une place de choix : il s’agit du tout premier loisir de l’adulte européen, et de sa troisième activité après le sommeil et le boulot. Un monde de découvertes, d’interactivité et de liberté allait naître sous nos yeux, disait-on à l’époque. Selon Grégoire Bourguignon, spécialiste des télécoms et responsable du plus important portail belge sur le sujet (qui a également sa boutique en ligne), Astel. be, la révolution opérée par le numérique prend trois grands visages : un son et une image de meilleure qualité, l’accès à de la vidéo à la demande (VOD) et à un foisonnement de chaînes thématiques.  » Celles-ci ont pu voir le jour grâce à la  »place » qu’offre le numérique, qui encombre moins les fils et les ondes. Les chaînes ne se brouillent pas, avec cette technologie.  » Voilà pourquoi les opérateurs accélèrent la mutation analogique/numérique : en libérant ainsi de l’espace, ils gonflent leur offre de chaînes et, finalement, en tirent davantage de revenus. Le numérique est logiquement plus cher que l’analogique et offre des possibilités de services que les fournisseurs s’empressent de facturer, entre l’abonnement à un système d’enregistrement et les films à louer pour quelques euros.

Partout, le mouvement est en marche

Des deux autres tournants de la télé nouvelle génération, on ne peut pas dire qu’ils aient forcément décoiffé les Belges. La qualité de l’image et du son est certes supérieure,  » mais, pour s’en rendre compte, il faut des chaînes en haute définition, estime Grégoire Bourguignon. Et, donc, des récepteurs adaptés à la HD.  » Si possible, de surcroît, en très grand écran (inutile d’espérer être ébloui par une image affichée sur un écran de moins de 116 centimètres de diagonale). Quant à la vidéo à la demande, qui pourrait bien signifier à terme la mort des vidéoclubs, elle n’est exploitée que chez trois fournisseurs parmi tous ceux qui opèrent en Communauté française, Belgacom TV, Telenet et Numéricable. Il n’empêche, partout dans le monde, le mouvement est en marche. Les Etats-Unis éteindront les signaux analogiques en juin prochain (opération initialement programmée pour la mi-février, puis repoussée suite au constat que les populations rurales et précaires n’avaient pas encore fait l’acquisition d’un matériel nécessaire). Et en France, où sa mutation sera irréversible en 2011, une expérience pilote a débuté il y a quelques jours dans une petite commune de Seine-et-Marne : Coulommiers ne regarde plus la télé qu’en numérique.

Myriam Leroy

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