La douleur est un signal important qu'il ne faudrait pas immédiatement chercher à inhiber par des médicaments. © ISTOCK

Le mieux, ennemi du bien

L’idée qu’il faudrait se concentrer sur une discipline sportive dès son plus jeune âge si l’on veut devenir vraiment bon est l’un de ces mythes qui ont la vie dure.

 » U ne spécialisation plus précoce n’a aucun sens et risque même d’être contreproductive : l’enfant développera des aptitudes moins variées, il risquera davantage d’être victime de lésions de surcharge et il se lassera aussi plus vite de ‘son’ sport. C’est pourquoi une spécialisation peut être envisagée vers 12 à 14 ans, et dans des disciplines moins techniques comme le cyclisme, on peut même attendre nettement plus tard.  » C’est ce qu’affirme le Dr Tom Teulingkx, médecin du sport. Son expérience lui a permis de se faire une idée assez complète des nombreux préjugés qui circulent parmi les parents des petits sportifs, mais aussi de leurs doutes et de leurs interrogations.

Les plus jeunes ont les plus grandes difficultés à reconnaître et à évaluer les signaux douloureux. Tom Teulingkx, Médecin du sport

 » Tout parent veut évidemment ce qu’il y a de meilleur pour son enfant… Mais parfois le mieux est l’ennemi du bien. Nous le voulons tellement que nous forçons les choses, ce qui se termine généralement mal, commente le Dr Teulingkx.

Pas un adulte en miniature

Lui-même médecin du sport, Tom Teulingkx accorde forcément une grande importance à un encadrement médical de qualité.  » Les médecins sont évidemment les mieux placés pour le confirmer, mais il est indispensable qu’ils disposent pour cela de connaissances spécifiques. L’enfant n’est en effet pas un adulte en miniature : il fonctionne autrement tant d’un point de vue physique que d’un point de vue psychologique. Quant à son développement, il suit une dynamique propre.  »

Malheureusement, les médecins n’en ont pas tous conscience, ce qui les amène parfois à prendre de mauvaises décisions. Comme par exemple de prescrire trop rapidement des médicaments contre la douleur – un problème fréquent dans ce public.  » La douleur est un signal important qu’il ne faudrait pas immédiatement chercher à inhiber par des médicaments, souligne le Dr Teulingkx. Il en va de même pour l’inflammation : mieux vaut attendre un jour ou deux avant d’envisager éventuellement la prise d’anti-inflammatoires, afin de donner la chance à l’organisme de se rétablir par lui-même et d’éviter que le petit sportif ne continue à faire trop d’effort. Et ce risque est bien réel, car les plus jeunes ont les plus grandes difficultés à reconnaître et à évaluer les signaux douloureux. C’est aussi pour cette raison qu’il ne faut jamais les laisser faire du sport alors qu’ils sont sous médicaments.  »

Certificats détaillés

On évitera également les efforts sportifs en cas d’infection virale et cela, en raison d’un risque d’atteinte cardiaque. La myocardite, une inflammation du muscle cardiaque, pourrait même être une cause majeure de mort subite chez les sportifs.  » Il y a un bon principe à retenir : après la fin de l’infection, attendez autant de jours que l’enfant a eu de jours de fièvre avant de laisser l’enfant reprendre le sport. Par exemple, s’il est guéri après avoir fait de la température pendant cinq jours, il devra donc encore rester au repos cinq jours supplémentaires « , conseille le Dr Teulingkx.

Le médecin du sport souligne qu’il ne plaide absolument pas pour que les jeunes sportifs soient mis au repos pour un oui ou pour un non, simplement pour que les parents réfléchissent bien à ce que l’on peut ou non les laisser faire (ou leur faire faire) lorsqu’ils sont malades ou blessés… D’autant plus que la réponse n’est généralement pas univoque.  » C’est aussi pour cela que je plaide pour que les médecins rédigent des certificats médicaux détaillés pour exempter un enfant du cours de gym. Certaines blessures ne l’empêcheront par exemple pas du tout de faire du jogging ou des exercices d’équilibre : dans ce cas de figure, pourquoi le priver de sa dose d’exercice ?  »

Les recommandations de l’OMS

Tom Teulingkx conclut sur un message qui s’adresse à tous les parents sans exception.  » Vous ne m’entendrez jamais dire que l’inscription dans un club de sport est un must. Si votre enfant préfère la musique, le dessin ou les mouvements de jeunesse, laissez-le faire ce qui lui plait… mais veillez aussi à ce qu’il bouge suffisamment, il ou elle vous en sera reconnaissant(e) plus tard ! L’Organisation Mondiale de la Santé recommande au moins une heure d’activité d’intensité modérée à élevée par jour.  »

Le mieux, ennemi du bien
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