Le marché immobilier fait la part belle aux extrêmes

La brique spadoise rencontre son public quand elle est d’entrée de gamme ou de grand standing. Les maisons mitoyennes conservent leur petit succès ; les grosses villas anglo-normandes bien situées et les appartements de luxe se vendent à des prix élevés.

Tous les acteurs du marché immobilier spadois s’accordent à le dire : 2013 a été en bien des points semblable à 2012, les lignes de force observées voici deux ans se perpétuant l’année passée.  » Les appartements ont gardé la cote, de même que les maisons mitoyennes affichant des prix compris entre 120 000 et 200 000 euros « , liste François Carlier, de l’agence T&B Immobilière, qui précise que  » le fossé s’est encore creusé en 2013 pour les biens qui souffraient déjà en 2012, à savoir les maisons 4 façades des années 1970-1980, vieillottes et très peu performantes d’un point de vue énergétique « . Leur prix continue à stagner et les transactions ralentissent, obligeant leurs propriétaires à  » faire des efforts  » pour espérer s’en délester.

Le segment des belles villas semble, lui, se scinder en deux catégories qui connaissent des évolutions différentes.  » Les grosses villas d’exception, de style anglo-normand, rénovées au goût du jour et jouissant d’une excellente situation forment un micro-marché très haut de gamme qui ne connaît pas la crise, détaille le courtier. Les transactions se comptent sur les doigts d’une main pour une ville de l’importance de Spa, mais se concluent toujours à des prix frôlant, voire dépassant légèrement le million d’euros.  » A l’inverse, leurs homologues de la tranche des 400 000 à 800 000 euros peinent à trouver acquéreur et voient leur prix se tasser inexorablement. Un phénomène que ne comprennent pas leurs propriétaires.  » Certaines peuvent aussi se targuer d’un style anglo-normand, mais leurs prestations ne sont pas d’aussi belle qualité que leurs aînées, la cuisine et les sanitaires sont souvent désuets et, malgré leur taille plus « raisonnable », leurs mauvaises performances énergétiques ne jouent pas en leur faveur « , décrit François Carlier.

Mais ce qui leur fait surtout défaut, c’est une bonne situation.  » Il faut que celle-ci sorte vraiment de l’ordinaire pour faire la valeur d’une villa spadoise.  » En ville, l’avenue Professeur Henrijean a les faveurs des amateurs de belles propriétés, alignant les petits châteaux, les manoirs et les grosses villas de 1900, de même que certaines de ses perpendiculaires, telles la rue Barisart. Aux abords de Spa, les beaux quartiers de Balmoral ont aussi leurs aficionados.  » Les situations plus isolées sont par ailleurs fort prisées par un public de seconds résidents – anversois, bruxellois ou liégeois -, qui en apprécient la paix et la tranquillité « , confie François Carlier. Quitte à y mettre le prix.  » On m’a déjà demandé, pour une villa à l’écart de tout, s’il y avait possibilité d’y installer un héliport.  » Les Allemands et les Néerlandais, qui affluaient en masse par le passé, ont déserté le coin dès les années 2000 pour les premiers, et voici cinq à six ans pour les seconds, changement de fiscalité à la clé.  » Ceux qui sont encore dans la région ne cherchent plus à acquérir, mais plutôt à vendre.  »

Les golfeurs sont friands d’appartements

Les terrains sont une denrée rare, ce qui rend les quelques lopins de terre disponibles très attractifs.  » Dans mon portefeuille, j’en ai peut-être trois à vendre, atteste Frédéric Pecher, de l’agence P&R Immo, à des prix démarrant à 70-80 euros le mètre carré pour de grandes parcelles de 20 à 30 ares et grimpant à 100-120 euros pour celles de 10 ares.  » Leur nombre grossit un peu une fois passé les frontières de Spa, à Jalhay notamment, où Nivezé et Sart-lez-Spa voient les projets immobiliers se multiplier. Leur situation idéale n’est évidemment pas étrangère à leur succès.  » Le cadre est superbe et très bien desservi, à mi-chemin entre Spa et l’autoroute E42, à une demi-heure de Liège comme d’Aix- la-Chapelle « , ponctue le courtier.

Les grands chantiers ont d’ailleurs commencé à parsemer la route de Balmoral, qui relie Spa à la voie rapide. Frédéric Pecher en compte une dizaine, des immeubles de 15-20 appartements, plus ou moins récemment achevés ou toujours en cours de construction.  » Et cela continue à se développer, observe-t-il. Il y a manifestement une vraie demande pour ce genre de biens.  » Soit des biens de standing, voire de grand luxe, comme il s’en élève un peu partout à Spa et dans ses environs. Le projet du groupe Wust illustre bien cette tendance : le Domaine du Golf compte trois résidences à appartements implantées dans un parc privatif de 1,5 hectare.  » Le promoteur a inauguré les deux premières, Eagle et Birdie, tandis que la troisième, Albatros, est en cours d’élévation, indique le notaire Gaëtan Guyot. Le gros oeuvre est presque terminé.  » Soit 40 appartements de 110 à 240 m² au total, qui comptent parmi les plus onéreux du marché – entre 300 000 et 500 000 euros – et se vendent comme des petits pains à  » des golfeurs issus de Verviers et ses environs, qui, à 55-65 ans, n’ont plus envie d’entretenir leur grande villa avec jardin et préfèrent le confort d’un appartement avec une vue agréable, proche de Spa et de son golf « . Pour preuve, fin 2013, le notaire a supervisé une dizaine de ventes d’appartements pour la résidence Albatros, et ce en moins de… trois semaines.

Sur les hauteurs de Spa, dans le village de Creppe, une autre résidence à appartements dispute la vedette au trio Wust : Les Fawes, du promoteur DDF-Invest. L’immense bâtisse, sise dans un parc de cinq hectares et élevée dans un style anglo-normand traditionnel, se compose de six appartements et deux duplex.  » Le dernier d’entre eux a été livré en décembre dernier « , pointe Me Guyot. Au rang des équipements, les lieux sont pourvus d’un court de tennis, un green d’exercice, une piscine et un héliport.

Des pied-à-terre de choix

Au coeur de la ville d’eaux, sur l’avenue Professeur Henrijean, un autre développement immobilier est à épingler, celui du groupe T. Palm. Plus petit, mais tout aussi haut de gamme, celui-ci est toujours en cours de commercialisation.  » Le promoteur voulait y créer 12 appartements de taille moyenne mais s’est finalement limité à six unités de 180 à 230 m² « , reprend François Carlier, qui en a vendu deux en 2013, à un Bruxellois et une Française. Soit à un public de seconds résidents, ces derniers composant, d’après Frédéric Pecher, quelque 10 % des habitants de la célèbre avenue. Le prix de ces pied-à-terre de choix ?  » Quelque 600 000 euros.  »

Et les pilotes du circuit de Spa- Francorchamps, qui  » souhaitent, pour certains, bénéficier du confort d’une propriété dans la région « , glisse le notaire Gaëtan Guyot ? Peut-être trouveront-ils leur bonheur dans le nouveau projet immobilier très (très) haut de gamme dont bruisse Spa : les Villas de Balmoral, réalisées à l’angle des avenues Albert et Léopold II, non loin de l’hôtel Radisson Blu. Quatre villas à appartements de haut standing verront bientôt le jour dans un parc privatif de 1,4 hectare ; soit 30 unités de logement au total, courant sur 150 à 250 m² et assorties de grandes terrasses de quelque 30 m², dont la plupart pourront recevoir des Jacuzzi. Le projet est déjà bien entamé : la première villa en est au stade du gros oeuvre, la seconde, aux fondations, et la piscine est en cours de construction. La commercialisation débutera au tournant du mois de mai et juin prochains.

Par Frédérique Masquelier; F. Ma

Les terrains sont une denrée rare, ce qui rend les quelques lopins de terre disponibles très attractifs

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