La recherche sur l'hydroxychloroquine est toujours en cours. © Nicolas VALLAURI/Belgaimage

 » Le HCQ doit être utilisé à l’hôpital chez quasi tous les patients « 

Le docteur Nicolas Dauby est spécialiste postdoctorant FRS-FNRS auprès du département des maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire Saint-Pierre (ULB), à Bruxelles. Il fait partie de la task force de guidance clinique contre le Covid-19.

L’hydroxychloroquine, c’est l’arme absolue contre le Covid-19 ?

C’est encore trop tôt pour l’affirmer sans réserve. Ce qu’on sait, c’est que l’hydroxychloroquine inhibe la réplication du virus in vitro et qu’elle empêche l’infection d’autres cellules. Elle rend les cellules réfractaires à l’intrusion du virus, ce qui laisse augurer d’un possible effet prophylactique. Ce n’est pas si surprenant si on se souvient qu’elle a aussi ce double effet, curatif et prophylactique, contre la malaria.

Comment ça marche ?

On pense que l’hydroxychloroquine modifie les récepteurs spécifiques par lesquels le virus s’introduit dans les cellules. Et elle fonctionne sur le Sars1, sur le Mers, sur le Sars2. Il y a donc un effet de classe.

Combien de temps faut-il le prendre ?

On ne sait pas. Mais les Chinois ont publié un communiqué de presse qui semble indiquer que quatre jours suffisent pour ressentir un effet bénéfique important. L’hydroxychloroquine est trois fois plus efficace que la chloroquine standard (en fait du phosphate de chloroquine). Cela signifie que vous pouvez obtenir l’effet bénéfique avec des doses plus réduites, donc avec des effets secondaires diminués et un risque de surdose minimisé. Il est très important que les gens ne se ruent pas sur la chloroquine ou l’hydroxychloroquine n’importe comment, car c’est un médicament qui doit être administré sous surveillance stricte. Pour l’instant, nous ne le recommandons qu’en milieu hospitalier et nous demandons aux généralistes de ne pas l’utiliser. C’est une utilisation off-label qui impose une surveillance intensive qui ne peut être réalisée à la maison. Il y a notamment un risque de cardiotoxicité et d’arythmie. L’avantage de l’hydroxychloroquine est d’avoir été utilisée depuis des dizaines d’années et d’être disponible et d’un coût très abordable.

Parce qu’il y a un autre médicament efficace ?

Oui, le remdesivir, un médicament développé initialement pour traiter le virus Ebola. C’est un agent antiviral large qui s’attaque à l’étape de la polymérase du virus, c’est-à-dire quand il réplique son ARN pour mieux se reproduire. De nombreux essais cliniques sont en cours. Mais sa disponibilité dans les prochaines semaines semble problématique. Il est uniquement disponible pour usage compassionnel. (NDLR : qui permet l’utilisation thérapeutique de médicaments sans autorisation de mise sur le marché pour des malades en impasse thérapeutique).

Y a-t-il des contre-indications à l’hydroxychloroquine ?

Un indice Q/T supérieur à 500 msec mis en évidence à l’électrocardiogramme, la myasthénie aiguë, la porphyrie, la rétinopathie et l’épilepsie. Il est donc très important de bien connaître les antécédents du patient.

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