LAURETTE ONKELINX (VICE-PREMIÈRE MINISTRE, MINISTRE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTÉ PUBLIQUE, PS) ET MARC UYTTENDAELE (AVOCAT CONSTITUTIONNALISTE)

Pour beaucoup, c’est le power couple belge francophone par excellence. Elle, Laurette Onkelinx, ministre sans interruption depuis vingt-deux ans et vice-Première ministre PS au fédéral depuis 1999, est un pilier de la vie publique belge. Lui, Marc Uyttendaele, avocat vedette, professeur de droit constitutionnel et écrivain à ses heures perdues, est un feu follet du débat public, farouche défenseur du libre arbitre cher à l’ULB. Tous deux sont des personnalités qui comptent, engagées, progressistes.  » Nous, un power couple ? C’est un fantasme pur, s’insurge Marc Uyttendaele. Mon influence politique est pratiquement égale à zéro. Dans ma profession comme dans ma vie, j’ai choisi une logique de contre-pouvoir. Et je m’en honore ! Je ne demande à personne ce que je dois penser. En outre, Laurette et moi nous sommes rencontrés alors que nos carrières étaient déjà sur les rails.  »

Leur première rencontre remonte au débat sur l’avortement, au début des années 1990, quand Marc Uyttendaele travaillait pour Roger Lallemand. Mais c’est en 1997 que leur idylle voit le jour, confirmée par leur mariage en 1999.  » Dès le début, nous nous sommes engagés à ne partager que les bonheurs de la vie privée, affirme l’avocat. La seule réserve que je me suis mise, c’est de ne jamais attaquer la femme que j’aime en public. Lorsqu’il y a quelque chose avec lequel je ne suis pas d’accord, je le lui dis les yeux dans les yeux…  » Et vice versa : il fut contraint d’abandonner un contrat important lors de l’affaire Dutroux car son épouse était ministre de la Justice.

Pourtant, leur union n’est pas à l’abri des polémiques sur des conflits d’intérêts potentiels. En 2008, une lettre adressée par Marc Uyttendaele au directeur du centre d’études du PS, Frédéric Delcor, arrive par erreur dans les rédactions : l’avocat lui demande ouvertement comment il pourrait oeuvrer pour obtenir davantage de contrats auprès des administrations socialistes.  » On essaie de donner à cette lettre une coloration qu’elle n’a pas « , réagit-il alors, évoquant une démarche interpersonnelle envers un ami de quinze ans en une période délicate pour son cabinet. Selon la Cour des comptes, 860 000 euros ont pourtant été payés par les autorités fédérales au cabinet Uyttendaele, dont des ministères dirigés par sa femme (Emploi et Justice).

 » Depuis trois ou quatre ans, une logique de marchés publics est quasi généralisée, réplique Marc Uyttendaele. Je l’appelais de mes voeux et elle est tout bénéfice pour mon cabinet : là où nous avons soumissionnés, nous avons même décroché davantage de contrats en Wallonie qu’auparavant.  »

Laurette Onkelinx, elle, n’a pas souhaité nous parler de cette relation qui lui apporte la stabilité affective mais parfois aussi des remous politiques.  » Elle utilise sans doute parfois Marc pour obtenir des conseils juridiques ou institutionnels dans l’instant, il est une belle mécanique institutionnelle, confie un proche. Mais elle doit parfois gérer cette indépendance qu’ils se sont octroyée. Quand il a donné une interview à un quotidien pour évoquer leur maison de campagne, en affirmant que l’on pouvait être de gauche et habiter Lasne, c’était comme un coup de poignard dans le dos.  »

O.M.

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