Intérieur avec paysanne, Louis Thévenet (1912).

La vie est là, simple et tranquille

 » On pénètre dans les tableaux de Thévenet comme on entre chez soi, en poussant la porte d’une maison familière », prévient l’historien de l’art Pierre Loze au seuil d’une petite exposition – trois pièces intimistes n’accueillant pas plus de six visiteurs en même temps – consacrée à ce peintre belge né à Bruges en 1874 et mort cinquante-six ans plus tard à Hal. On ne cachera pas que ce genre d’incipit inspire la méfiance envers une oeuvre dans laquelle on se glisserait comme dans une paire de pantoufles, voire de tableaux que l’on chausserait à la façon d’un lorgnon permettant d’agrandir les certitudes molles d’un certain narcissisme culturel. Il reste que les toiles de l’autodidacte Louis Thévenet ne méritent pas qu’on les abandonne au fixisme esthétique. Et l’on ne dit pas ça parce que les tourments actuels de l’époque trouveraient en ces images apaisées une consolation toute trouvée.

Comme chez le Danois Vilhelm Hammershøi, on retrouve chez Thévenet un usage pudique de la figure humaine. Celle-ci, lorsqu’elle est présente, se donne de dos, présentant de facto ses excuses à un monde au sein duquel elle prend trop de place. Il y a cet Intérieur avec paysanne (1912) dont la simplicité vraie émeut. Vêtue d’un fichu rouge qui dit son ardente piété, une femme remet son destin à des objets de dévotion contenus dans des globes dont les reflets compliquent la vision. C’est bien de « plus grand que soi » dont il s’agit mais sous forme d’un sublime immanent, à portée de main, qui s’accommode de deux chaussettes séchant benoîtement sur un poêle en fonte. En peignant le quotidien sans emphase, Thévenet avance sur un fil. Il ne bascule ni du côté de la tradition tiède, pas plus qu’il ne s’étale dans les promesses décevantes de l’avant-garde.

A l’Association du patrimoine artistique, à Bruxelles, jusqu’au 3 avril.

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