Claudie Haigneré en 2019. © belga

Claudie Haigneré, astronaute française: « La seconde fois, c’est encore plus rapide, intense, évident »

L’astronaute française de l’ESA (Agence spatiale européenne) Claudie Haigneré a voyagé à deux reprises dans l’espace. Elle a séjourné la première fois à bord de la station russe MIR, la seconde à bord de l’ISS.

Qu’éprouve-t-on quand on arrive dans l’espace? La seconde fois est-elle différente de la première?

Il me semble que trois éléments essentiels transforment celui qui débarque dans la station spatiale. D’abord, découvrir ou redécouvrir l’accès à une troisième dimension libérée de la contrainte de la gravité. Un corps léger, libre, qui s’adapte vite et utilise de nouveaux potentiels. Ensuite, l’intégration à un équipage multiculturel dans un objectif commun, partagé, au service de la recherche en microgravité et du désir de poursuivre l’aventure humaine de l’exploration. Enfin, bien sûr, la prise de distance par rapport à la Terre, ébloui par le spectacle de notre planète à travers le hublot et conscient de nos responsabilités dans la préservation de ce vaisseau de l’humanité. La seconde fois, c’est encore plus rapide, intense, évident.

Qu’est-ce que cela représente, pour les Européens, d’avoir un compatriote astronaute? On voit l’engouement que suscite Thomas Pesquet en France. Est-ce la même chose dans les autres pays?

Un astronaute de l’ESA, quelle que soit sa nationalité, est un ambassadeur de l’humanité aux avant-postes de l’exploration. Il rejoint un cercle fraternel de privilégiés, à la fois modèles audacieux et témoins passionnés d’une aventure exceptionnelle, qui symbolisent également l’ambition européenne en inspirant les jeunes talents. Chaque astronaute, selon sa nationalité, va déclencher cet enthousiasme et cette adhésion mais il (ou elle) porte aussi cette conviction que c’est en unissant nos forces que l’impact sera efficace. La nouvelle sélection d’astronautes de l’ESA témoigne de cette vision de l’Europe, portée par des personnalités admirées dans chaque pays.

A l’heure où l’ESA débute une nouvelle sélection d’astronautes, quelles qualités exige-t-on des candidats et dans quel contexte se dérouleront leurs futurs vols?

Ceux qui rejoindront le corps actuel des astronautes de l’ESA seront des professionnels compétents (en ingénierie, recherche, médecine, systèmes pilotés…), opérateurs de systèmes très complexes où les qualités physiques et psychologiques sont essentielles, désireux de contribuer dans la diversité de leurs profils (genre, culture, profession, âge) à une aventure collective, unique, complexe, difficile en milieu hostile. Ils et elles poursuivront les recherches en orbite basse dans la station spatiale internationale et auront la possibilité de participer aux étapes à venir de présence autour de la Lune (Gateway) et sur son sol (Artémis et autres bases), pour rendre possible, plus tard, l’arrivée d’équipages vers et sur Mars. De leur réussite dépendra aussi la reconnaissance des partenaires internationaux et donc la participation ambitieuse à de nouvelles missions. Nous leur devons beaucoup.

Capito!

Le podcast Capito! réalisé en collaboration avec l’UCLouvain est consacré ce mois-ci à l’exploration spatiale et les vols sur mars avec le témoignage de Claudie Haigneré.

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