La routarde des soins infirmiers

Coordinatrice de l’ASBL Infirmiers de rue, Emilie Meessen est passée par l’Afrique avant de poser ses valises à Bruxelles. Son projet pourrait toutefois s’étendre à d’autres villes.

Emilie est une jeune femme de 28 ans, déterminée, bourrée d’énergie et profondément humaniste. Son rêve de départ : partir travailler en Afrique. Après quelques années d’expérience professionnelle, elle dit avoir enfin retrouvé ce qu’elle cherchait à accomplir à l’étranger : le contact direct avec les gens et le sentiment d’être utile. (…)

La jeune femme a toujours travaillé dans des contextes de grande pauvreté et souvent auprès de publics stigmatisés. Durant ses études d’infirmière déjà, elle décide de quitter la Belgique pour faire son mémoire avec Sara Janssens, cofondatrice de l’ASBL, au Burkina. (…) Elle fait des stages dans les milieux des victimes de la prostitution, puis en psychiatrie, avant de se spécialiser en santé communautaire. Mais le public avec lequel elle accroche tout particulièrement, c’est celui des sans-abri.

(…) A son retour en Belgique, Emilie se lance dans une étude de terrain qui va durer un an et demi. Sara Janssens la rejoint rapidement. Avec leur sensibilité d’infirmières, elles remarquent combien la santé, chez les SDF, passe loin derrière les besoins de toute première importance : se loger, se nourrir, être en sécurité.  » Ils ne se déplacent pas toujours dans les centres disponibles. Pour différents motifs. Il y a la honte, le mauvais accueil dans certaines institutions et puis le manque d’argent, les chiens en raison desquels les portes se ferment, la distance. Mais il y a aussi, dans de nombreux cas, un détachement par rapport au corps. La personne ne sent plus ni son odeur, ni la douleur. « 

(…) La création de l’ASBL Infirmiers de rue a lieu en 2005. (…) A elles deux, Sara et Emilie forment un tandem étonnant : des infirmières routardes en vadrouille dans les rues de Bruxelles, leur sac de pommades, pansements et autres articles de premier soin sur le dos. Chaque mois, elles soignent en moyenne 80 personnes, dont une vingtaine de nouvelles connaissances. (…)

Sur le terrain, Emilie ne pose pas de question, la personne soignée raconte ce qu’elle a envie de raconter. Si elle ne veut pas être approchée, elle ne l’est pas. Et la réflexion englobe la façon de se présenter aux personnes en rue, vouvoiement et serrement de mains à la clé, pour que chacun puisse se sentir rassuré et éventuellement se confier. (…)

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