Le premier roman d'un conseiller de la cour d'appel de Bruxelles. © hatim kaghat

La résilience loin du prétoire

Thierry Werts a été le porte-parole du parquet fédéral belge au plus fort des attentats de mars 2016. Il est passé du côté du siège, à la cour d’appel de Bruxelles, et poursuit son activité d’écrivain avec pudeur. Dans For intérieur (Pippa, 2016, 88 p.), une succession de tableautins à la finesse de haïkus, il croquait une scène d’audience du tribunal de la jeunesse : la rencontre annuelle et furtive d’une petite fille placée en institution et de son père détenu. Demain n’existe pas encore (La Trace, 98 p.) amplifie leur histoire, ainsi que celle de Victoire, la mère assassinée. Sur les décombres, la vie reprend par des voies imprévues : le contraire des stéréotypes qu’un fait divers suscite inévitablement (enfance maltraitée, féminicide). Le magistrat s’imprègne de ses personnages et les promène dans des lieux qui portent leur poids de guérison. Ils sont magnifiquement décrits, ces endroits (l’auteur est un randonneur à la mémoire eidétique) : la campagne namuroise, le quartier du Sablon et le palais de justice couvert de vieux échafaudages rouillés à Bruxelles ( » Manifestement rendre la justice n’était toujours pas une priorité « ), Bamako et les splendides lueurs orangées du coucher de soleil sur le fleuve Niger. Cette famille réchappée d’un prétoire a obtenu une seconde chance, avec la mélancolie qui sied. Les rencontres, l’art, la force du lien filial, allez savoir, mais le juge lui a rendu justice.

La résilience loin du prétoire

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