La prison multiplie les questions

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

En 2016, un nouvel établissement pénitencier devrait voir le jour sur le sol bruxellois, à Haren. Posant, par là même, la question de la réaffectation des prisons existantes.

Cela ne s’invente pas : la nouvelle prison imaginée sur le sol bruxellois s’installera… rue du Chicon. Ce terrain de vingt hectares, à cheval entre la Région flamande et la Région bruxelloise (même si le bâti s’érigera uniquement dans la partie bruxelloise), n’est pas encore prêt à recevoir qui que ce soit.  » Trop prématuré « , annonce d’emblée Freddy Thielemans, bourgmestre de Bruxelles. Haren fait partie, rappelons-le, de la Ville de Bruxelles et le mayeur, en charge notamment de la sécurité, garde évidemment un £il aussi attentif que circonspect sur l’évolution du dossier.  » On n’est nulle part. D’abord, parce qu’ils n’ont pas l’argent. Il n’y a pas le moindre début de budget. Et dans les contacts qui sont noués avec le fédéral, le ministre parle de prélever l’argent sur Beliris [NDLR : fonds issus du fédéral destinés à doper le rayonnement national et international de Bruxelles], ce qui est impensable : la prison est un acte fédéral à part entière « , poursuit le bourgmestre socialiste. De fait, quand on pose la question du budget au cabinet du ministre de la Justice, le CD&V Stefaan De Clerck, la réponse est laconique, mais claire :  » On doit encore négocier. Donc pas connu. « 

C’est loin d’être le scoop de l’année : la situation politique, au niveau fédéral, baigne dans des eaux on ne peut plus incertaines en ce moment. Et des rebondissements pourraient encore fort bien survenir par la suite. Cela dit, le futur ex-gouvernement Leterme reste en affaires courantes depuis les dernières élections et peut prendre des décisions mineures.  » Le 7 octobre dernier, le Conseil des ministres a adopté le devis pour l’étude de mobilité. Les bureaux d’études qui voudront s’inscrire pour effectuer ce travail peuvent le faire. C’est essentiel pour la procédure « , affirme-t-on encore au cabinet De Clerck. Un petit pas, mais un pas quand même, quand on sait que les problèmes de mobilité et d’accessibilité font partie des enjeux auxquels devront faire face les autorités pour réussir cette nouvelle implantation. Toujours à la Ville, l’échevin de la Mobilité, Christian Ceux, n’y va d’ailleurs pas par quatre chemins :  » Il faut absolument que les visiteurs de cette nouvelle prison puissent disposer d’autres itinéraires en transports en commun que ce qui se fait maintenant du côté de Haren, sinon ils partiront avec leur sandwich le matin et reviendront le soir. « 

Ecoles et logements

L’objectif, dit-on à l’échelon fédéral, est de poser la première pierre de cet établissement de mille places en 2012. Avec 2016 en tête au niveau de l’échéance finale pour l’inauguration. Mille places, c’est l’équivalent de la capacité actuelle totale de la prison de Saint-Gilles, de la maison d’arrêt de Forest et de la prison pour femmes de Berkendael. Trois établissements vétustes qui sont d’ores et déjà confrontés à la question de leur réaffectation. Tous trois sont des propriétés de la Régie des bâtiments. A entendre les pouvoirs locaux et régionaux évoquer cette question de la reconversion, deux options semblent se dégager distinctement : des logements ou des équipements collectifs (écoles notamment), deux affectations on ne peut plus évidentes dans le contexte de boom démographique qui s’annonce à Bruxelles. Encore faut-il trouver les financements…

GUY VERSTRAETEN

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