Internet, presse gratuite, fuite des annonceurs, crise : la presse écrite quotidienne doit sans cesse se réinventer pour conserver son lectorat qui s’étiole.
L’érosion des lecteurs atteint, peu ou prou, l’ensemble de la presse quotidienne (PQ) du pays. Le dernier CIM (Centre d’information des médias qui contrôle les diffusions) fait état d’un recul significatif des ventes à La Dernière Heure/ Les Sports, avec une perte de 10,14 % au cours du dernier trimestre par rapport à 2008. Le nouveau format compact n’a manifestement pas donné les résultats escomptés. La Libre Belgique, qui fait partie du même groupe IPM et qui vient de l’adopter à son tour, fera-t-elle mieux, s’agissant de compenser une baisse de lectorat de 2,26 % par rapport à mars 2008 ? Les paris : » Une information de qualité, moderne et jeune, une lecture pratique et confortable « , détaille son rédacteur en chef, Michel Konen : » Le format est plus réduit, mais nous offrons 64 pages au lieu de 48 en format tabloïd. La surface est donc plus grande. Plus largement, c’est un leurre de vouloir parler de tout. Nous posons des choix éditoriaux, comme celui de la rubrique « planète » en ouverture, et privilégions l’analyse et la mise en perspective. »
De réformes, il en est aussi question au Soir. » Les changements radicaux opérés depuis trois ans et demi portent leurs fruits et nous freinons mieux l’érosion que la concurrence « , constate le directeur général Daniel Van Wylick qui évoque notamment, outre l’importante offre magazine, notamment le week-end, la stratégie du post-Web : » L’info se décline d’abord sur lesoir. be, à charge pour nos journalistes d’apporter, sur papier, l’analyse, le terrain, le commentaire, la grille de lecture de l’événement. »
Autre signe des évolutions permanentes de la presse écrite, le passage de l’ Echo et du Tijd à la couleur saumon, dans la lignée des grands noms de la presse financière et économique. La synergie entre les deux titres ne date pas du 9 mai et ne se limite pas à la forme : les deux rédactions travaillent dans une salle intégrée et misent, elles aussi, sur une forte réactivité en ligne.
Bonnes nouvelles des régionaux
Les meilleurs chiffres de cette vague en Belgique francophone proviennent des deux quotidiens régionaux, soit les Editions de l’Avenir (-0,16 %) et Sud Presse (+0,54 %). Avec sa formule tabloïd » arrivant à maturité » et sa politique d’hyperproximité » sans vulgarité « , selon les mots de Pascal Belpaire, rédacteur en chef, Vers l’Avenir marque son territoire en province et dans les villes wallonnes de seconde importance, conservant globalement 70 % d’abonnés.
Sud Presse cartonne lui dans les métropoles, Liège et Charleroi. Fort de la plus grande rédaction du sud du pays et d’une diffusion payante moyenne de 122 374 journaux, Sud Presse publie six éditions régionales. Didier Hamann, son directeur général, se félicite des objectifs visés par le nouveau produit lancé il y a trois ans : » Sortir du côté caricatural de la presse régionale, se centrer sur les fonctions de service d’un journal et se lancer dans les médias électroniques sans réduire à néant les efforts consentis sur papier. » Sud Presse a lancé il y a deux mois » Sudpresse Mobile « , le premier service de téléphonie lié à un quotidien, en espérant atteindre la rentabilité à moyen terme. » Il est absolument nécessaire d’intégrer d’autres éléments à l’équation économique d’un journal « , conclut Didier Hamann. La question de la rentabilité d’un quotidien revient tôt ou tard dans les réflexions liées à son changement de forme et de fond…
OLIVIER STANDAERT