Un fruit apprécié qui stimule la recherche et la concurrence. © gettyimages

La pomme qui résiste à la canicule

Elle s’appelle HOT84A1. Il s’agirait, d’après ses concepteurs, de la première pomme au monde résistante au changement climatique, capable de garder une peau ferme, une chair juteuse, croquante et une couleur rouge, malgré des températures dépassant les 40 °C.

Commercialisée par le groupe T&G Global, leader néo-zélandais sur le marché des fruits, elle est le résultat de dix-huit ans de sélections variétales (ce n’est donc pas un OGM), menées sous l’égide du Hot Climate Program, un partenariat de recherche agricole entre la Catalogne et la Nouvelle-Zélande. Elle pourrait être cultivée dès 2021 en Espagne et en Australie.

Avec moins d’effets d’annonce et une plus grande prudence dans la communication qui l’entoure, une « pomme du futur », la Story Inored, est également à l’étude en France depuis 1997, via un partenariat entre l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et la société Novadi. D’après le chercheur François Laurens, la pomme française est une excellente candidate pour les climats chauds. Des tests sont en cours pour déterminer ses caractéristiques phénologiques (floraison, feuillaison, etc.) – à propos desquelles, chez T&G Global, on reste par contre très discret.

Une chose est établie: le réchauffement climatique met en péril la sécurité alimentaire de l’humanité, partout dans le monde, on planche sur la mise au point d’une nouvelle génération de fruits, capables de parvenir à maturité malgré des conditions impliquant le stress lié à la chaleur, mais aussi à la sécheresse ou encore au besoin de fraîcheur non satisfait. Le bouleversement des conditions climatiques a en effet des impacts directs sur la biologie des arbres: insuffisances d’endurcissement au gel, avortements floraux excessifs, risques parasitaires accrus, malformations, insuffisance de coloration et de saveur des fruits, sans oublier la désynchronisation des floraisons empêchant la pollinisation croisée.

La pomme figure aujourd’hui dans le trio de tête des fruits les plus consommés. Sa production mondiale a quadruplé en un demi-siècle, pour dépasser les 80 millions de tonnes, d’après l’ouvrage Croquer la pomme, de la géographe Sylvie Brunel, paru en 2016. Or, en 2015, un rapport de Greenpeace jetait l’opprobre sur ce fruit hyperconsommé, en indiquant qu’il était aussi l’un des plus traités au monde. Pas étonnant que les chercheurs y prêtent aujourd’hui une attention prioritaire.

Dans ce contexte très concurrentiel, le marketing joue un rôle croissant. Ainsi, début 2020, était lancée la Rockit, une minipomme néo-zélandaise vendue dans des tubes, façon balles de tennis, et présentée comme un en-cas sain à emporter partout. L’argument healthy (bon pour la santé ) est mis en avant par les distributeurs à qui l’existence d’un autre fléau n’a pas échappé: l’obésité. D’après l’OMS, à l’échelle mondiale, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975. En Belgique, 12% de la population adulte en souffre et 20% des adolescents de moins de 16 ans sont en surpoids.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire