La passion pour les placements

Organisé à plusieurs reprises ces dernières années par Trends et Keytrade Bank, le Concours Investisseurs est un jeu de simulation boursière qui permet aux participants de se familiariser avec tous les aspects des placements. L’objectif est de placer 100.000 euros fictifs pendant dix semaines et d’en obtenir le plus haut rendement possible. Comment cela s’est-il passé pour les joueurs arrivés en haut du classement? Quelle a été leur tactique pour gagner? Investissent-ils encore aujourd’hui? Et quels conseils peuvent-ils donner? Quatre participants livrent leur expérience.

 » Le pire qui pouvait m’arriver était de perdre de l’argent fictif  » Anthony Moëllo

En 2016, la première place du Concours Investisseurs a été décrochée par Anthony Moëllo, un Français originaire de Bretagne.

Comment avez-vous attrapé le virus de l’investissement?

À la maison, mon père était un véritable passionné. Quand j’ai touché mon premier salaire, ma réaction logique a été de me dire que, moi aussi, je devais placer cet argent. Jusqu’à 32 ans, j’ai géré le tout de manière très active. Mais par la suite j’ai eu beaucoup moins de temps pour le faire.

Aujourd’hui, j’investis principalement dans des biens immobiliers que je fais rénover afin de les louer. J’investis aussi dans des trackers qui reproduisent l’évolution d’un indice boursier à la hausse ou à la baisse, avec un effet de levier. Je n’achète donc plus d’actions individuelles mais j’essaie d’anticiper l’évolution de l’indice en question. Faire des placements me procure toujours des montées d’adrénaline ( rire). J’aime suivre l’actualité politique et économique pour anticiper au mieux les tendances à la hausse ou à la baisse.

Pourquoi pensez-vous avoir gagné à l’époque?

J’ai l’esprit de compétition! J’avais déjà participé deux fois et je m’améliorais chaque année. La troisième fois a été la bonne. Il reste bien sûr toujours une part de chance car vous devez investir dans les bons produits, au bon moment et dans la bonne tendance du marché.

On ne gère pas un portefeuille dans un concours de la même manière qu’on gère un vrai portefeuille. Le but étant d’obtenir le plus de rendement possible, j’ai pris beaucoup de risques. Après tout, le pire qui pouvait m’arriver était de perdre de l’argent fictif. J’ai commencé par investir dans des actions très spéculatives. Trois semaines avant la fin, j’étais 22e. J’ai constaté à ce moment-là que tous ceux qui me précédaient au classement possédaient eux aussi le même type d’actions. Alors, j’ai décidé de tout vendre et de réinvestir dans un tracker qui était à la baisse. Juste au bon moment car la Bourse était également à la baisse. J’ai donc réalisé un bénéfice, un effet de mon tracker, alors que les actions spéculatives des autres participants plongeaient. La dernière semaine, j’ai essayé de maintenir mon avance en vendant mon tracker et en achetant quelques placements à faible croissance.

La passion pour les placements

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui veulent investir aujourd’hui?

Pour commencer, il faut se connaître soi-même. J’aime observer les marchés et évaluer leur potentiel de baisse ou de hausse. Je pense donc qu’il est préférable, pour ma part, d’investir dans des tendances. Ensuite, il faut définir et mettre en oeuvre une stratégie claire. N’investissez pas au hasard. Soyez bien conscient des points forts et des points faibles de votre stratégie et du temps qu’il faut pour les appliquer. Et naturellement, ne placez pas toutes vos économies en Bourse, diversifiez et répartissez vos investissements dans le temps pour réduire le risque d’entrer au mauvais moment.

 » Dans la vraie vie, on ne commencerait jamais avec des produits à risque  » Thomas Van Laeken

En 2018, Thomas Van Laeken a remporté le premier prix du classement étudiant dans le Concours Investisseurs.

D’où vous vient votre passion pour les placements?

Déjà en secondaire, j’étais fasciné par les placements. Ensuite, j’ai étudié la finance et les assurances à la Haute École Thomas More où les cours de l’expert boursier Pascal Paepen ont attisé ma passion. L’année où j’ai pris part au concours, j’étudiais les sciences commerciales à la KU Leuven. Aujourd’hui, je travaille chez ING. Ce qui me fascine dans les placements c’est le fait de pouvoir prédire l’évolution de l’économie sur la base de ce qui se passe sur les marchés financiers. À la fin de l’année dernière, par exemple, on a pu voir les marchés repartir à la hausse dans l’espoir que l’économie mondiale s’ouvrirait à nouveau grâce aux vaccins contre le coronavirus.

La passion pour les placements
© Getty Images/iStockphoto

Pourquoi pensez-vous avoir gagné à l’époque?

Le temps dont je disposais a été un facteur essentiel. Le concours ayant lieu lors du dernier semestre de mon master en sciences commerciales, je n’avais plus beaucoup de cours et avais donc beaucoup de temps pour suivre de très près mon portefeuille fictif. J’avais dressé, au préalable, une liste de sociétés solides, cotées en Bourse, dont je pensais qu’elles avaient un potentiel. Quelle était la valorisation de ces entreprises, quelles étaient les tendances à l’époque et comment ces entreprises pouvaient-elles en tirer profit? Et je suivais quotidiennement mes ‘Futures’, un produit boursier plus compliqué, pour y réaliser des gains.

Vous étiez encore étudiant quand vous avez gagné. Conseilleriez-vous à d’autres jeunes de se lancer dans les placements?

Oui, absolument. Il serait dommage de laisser son épargne pendant des années sur un compte où elle rapporte très peu, alors que son pouvoir d’achat diminue. Les placements sont aujourd’hui l’une des rares alternatives pour faire fructifier l’épargne. En même temps, investir élargit votre vision du monde. Il est évident que dans la vraie vie, on ne commencerait jamais avec des ‘Futures’ à risque. Le mieux est de commencer plutôt avec des actions de sociétés et/ou de fonds solides que vous gérez correctement. Choisir la meilleure solution dépend de chacun. Il faut tout d’abord bien estimer la quantité d’argent dont vous pouvez vous passer et pendant combien de temps. Si c’est pour le long terme, votre portefeuille pourra fluctuer un peu plus avec des actions. Mais dans ce cas vous devez avoir le temps de suivre l’évolution des cours afin d’intervenir à temps en cas de problème. Cela requiert des connaissances et de l’expérience. Si vous les avez mais que vous ne disposez pas d’assez de temps, il est préférable d’opter pour des trackers qui suivent des indices boursiers ou pour des fonds encore plus diversifiés.

Anthony Moëllo.
Anthony Moëllo.  » Investir me procure toujours des montées d’adrénaline. « 

 » Apprenez à programmer: la technologie aide à faire moins d’erreurs  » Nicola Menardo

En 2019, ce n’est pas uniquement le classement étudiant mais aussi le classement général du Concours Investisseurs qui a été remporté par un étudiant. Aujourd’hui, Nicola Menardo effectue toujours des placements, tout en faisant des études d’ingénieur commercial à la Solvay Business School de la VUB.

Pourquoi les placements vous fascinent-ils autant?

Après ma première participation au Concours Investisseurs en 2017, je suis tombé sur le livre Short-Term Global Macro Guide qui m’a donné une vision radicalement différente sur les placements. Je me suis alors demandé quelles relations macroéconomiques globales existent entre les marchés, comment les interpréter et de quelle manière en tirer profit en tant qu’investisseur? Cette nouvelle étape dans mes connaissances a été si prodigieuse que je n’ai pas osé la mettre en pratique directement avec de l’argent réel. J’ai donc participé une deuxième fois au Concours Investisseurs.

Pourquoi pensez-vous avoir gagné à l’époque?

Grâce à mon approche particulière, j’étais en symbiose mentale avec le marché boursier. En me basant sur la situation macroéconomique, je savais quel type de stratégie fonctionnerait à ce moment précis: réagir aux résultats des entreprises. J’ai ensuite analysé chaque semaine les 150 sociétés du Concours Investisseurs en utilisant une checklist. J’ai recherché les sociétés qui allaient publier leurs résultats dans la semaine à venir mais pour lesquelles le marché, ou d’autres investisseurs, n’avaient pas encore pris en compte certains facteurs (macroéconomiques) ou étaient trop pessimistes face à une correction récente. J’ai ainsi pu acheter les actions de ces sociétés à bas prix. Chaque semaine, j’achetais et vendais les actions des sociétés qui présentaient le plus d’intérêt selon ma checklist.

Thomas Van Laeken.
Thomas Van Laeken.  » Le temps dont on dispose est un facteur essentiel. « 

Investissez-vous encore avec la même intensité?

Non, je n’ai plus le temps. Pour l’instant, j’investis principalement dans des tendances macroéconomiques de taille moyenne que j’estime intéressantes mais aussi dans des parties de chaînes d’approvisionnement concernées dont on ne parle pas encore dans l’actualité. Si ces thèmes finissent par faire l’actualité, suite à l’entrée de quelques grands acteurs (fonds), je revends les investissements dès qu’ils atteignent une valorisation correcte. Je participe en même temps au développement d’algorithmes pour effectuer des analyses automatiques du marché, un processus hautement laborieux, et plus spécifiquement pour suivre les relations entre différents marchés.

Quel conseil donneriez-vous aujourd’hui aux investisseurs privés?

Élargissez vos connaissances. Si vous vous êtes spécialisé dans l’analyse des actions individuelles, apprenez-en davantage sur la gestion de portefeuille et les tendances macroéconomiques. De même pour les tendances dont on ne parle pas encore dans les médias grand public. Ou inversement: si vous suivez les tendances macroéconomiques, apprenez à bien analyser les actions individuelles afin de sélectionner les meilleures dans le secteur choisi. Et pour ceux qui en ont le courage: apprenez à programmer. La technologie aide à faire moins d’erreurs.

 » Je ne place pas pour faire du profit. Ce qui m’attire, c’est le jeu  » Dominique Halleux

Même quand on est une grand-mère active de 63 ans, à deux doigts de la retraite, on peut flirter avec les sommets du Concours Investisseurs. C’est ce qu’a brillamment démontré Dominique Halleux, comptable à l’administration de la ville de Liège, arrivée deuxième au classement général en 2018.

D’où vient votre passion pour les placements?

À l’école (il y a 45 ans), j’aimais déjà les chiffres, la comptabilité, la fiscalité, et je me suis passionnée pour les placements. Notre professeur nous a expliqué qu’il était préférable d’investir dans un fonds pour répartir le risque. Ce qui me fascine particulièrement, c’est le jeu des fluctuations. Acheter quand le cours est bas, revendre quand le cours est haut… J’ai commencé à travailler en 1978 et j’ai fait mes premiers placements environ dix ans plus tard. D’abord en bonne ‘mère de famille’, dans des fonds de pension stables. J’avais choisi deux fonds, au cas où l’un des deux ne donnerait pas de bons résultats. Ce n’est que plus tard que j’ai commencé à ‘jouer’ davantage, une fois que nous étions bien installés dans la vie. J’ai travaillé et travaille encore à temps plein, j’ai élevé mes enfants seule, je suis toujours occupée. Je ne demande pas grand-chose à la vie: quand je vois mon beau jardin, ça me rend heureuse. J’y travaille donc beaucoup, et quand il pleut, je fais autre chose, par exemple jouer en Bourse. Pas tellement pour le profit mais pour le jeu en lui-même.

Nicola Menardo.
Nicola Menardo.  » Mon conseil? Élargissez toujours vos connaissances. « 

En 2018, vous avez participé au Concours Investisseurs. Comment cela s’est-il passé exactement?

J’y ai mis beaucoup d’enthousiasme! Suivre l’évolution de mon portefeuille, j’adorais ça ( rire). J’ai vraiment apprécié de pouvoir essayer des produits de placement dans lesquels je n’aurais jamais osé investir. J’ai essayé de diversifier mes placements: différents secteurs, différentes régions géographiques, différentes devises, etc. Quand la Bourse baissait trop, je vendais rapidement mes positions pour les racheter ensuite quand elles étaient très basses. Sur la fin, quand les Bourses européennes étaient fermées, j’investissais encore dans un fonds américain qui continuait d’évoluer alors qu’il faisait nuit chez nous. J’espérais que cela me permettrait de terminer ainsi à la première place mais cela n’a pas suffi.

Dominique Halleux.
Dominique Halleux.  » On sent bien que le marché boursier veut repartir à la hausse. « 

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui veulent investir aujourd’hui?

Diversifiez les secteurs, les régions, les devises et les types d’entreprises. Quand j’achète des actions, j’observe quatre ou cinq indicateurs, comme le ratio cours/bénéfice, le chiffre d’affaires et le cours actuel, pour déterminer si c’est cher ou bon marché. Ensuite, je regarde l’évolution du cours sur 15 ou 20 ans. On peut bien sûr aussi investir dans des start-ups mais il faut se montrer sélectif et ne certainement pas investir la totalité de son capital dans quelque chose qui vient de démarrer.

En février 2020, j’ai constitué un petit portefeuille: trois quarts en fonds d’actions de grandes sociétés belges connues (alimentation et boissons ( rire)), le reste en valeurs plus risquées, pour le plaisir du jeu. Puis le coronavirus est arrivé et, en un mois, mon portefeuille a perdu environ 30%. Mais j’ai gardé mes positions. Les cours sont repartis à la hausse. Et aujourd’hui, j’ai un rendement de 8 à 9%. On sent bien que le marché boursier veut repartir à la hausse. Il attend juste que tout le monde soit vacciné. C’est donc le moment d’investir, de belles opportunités se présentent.

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