» La paresse est payante « 

Rien n’empêche les banques de fonctionner dans leur seul intérêt, constate Jean Walravens. Les consommateurs pourraient s’informer davantage, mais les banques pourraient les y aider…

Le Vif/L’Express : Comment qualifieriez-vous la pratique de la gestion passive, que vous prônez ?

Jean Walravens : C’est simple, mais c’est difficile : car l’investisseur doit pouvoir garder le cap qu’il s’est fixé en dépit des événements qui se produisent et surtout quand le marché se porte mal.

Vous défendez notamment la formule des ETF dans votre ouvrage. Pourquoi ?

Parce qu’ils ne donnent pas lieu à des frais de distribution et que les plus-values réalisées par ce biais ne sont pas imposées. En revanche, beaucoup de consommateurs ignorent que les sicav génèrent plus de 1 % de recettes pour les banques qui parviennent à les placer.

Voulez-vous dire qu’aucune sicav n’est à recommander ?

Si, il y en a de bonnes, comme les Vanguard, par exemple. Mais, la plupart du temps, elles ne sont pas distribuées en Belgique parce qu’elles ne sont pas intéressantes, en termes de commissions, pour les banques.

Ne pensez-vous pas que les investisseurs prennent aussi plaisir à jouer en Bourse et n’adoptent, du coup, pas toujours le comportement le plus rationnel ou le plus judicieux qui soit ?

Je crois qu’effectivement certains portent en eux le gène du boursicotage. Je leur conseille de boursicoter sur 10 % de leur patrimoine et de gérer intelligemment les 90 % restants. Mais je prêche parfois dans le désert car les gens ont une mauvaise évaluation de leurs performances.

Comment expliquez-vous que la gestion passive soit si peu connue ?

Les gens n’ont pas envie d’entendre cette théorie, selon laquelle la paresse est payante. Ce principe va à l’encontre de toutes les valeurs que véhicule la société.

Vous critiquez beaucoup les banques et, globalement, les intermédiaires financiers. Comment peut-on remédier à la situation que vous dénoncez ?

Le régulateur ne peut pas grand-chose. Rien n’empêche les banques de fonctionner comme elles le font actuellement, c’est-à-dire dans leur seul intérêt. Mais on pourrait, au moins, informer un peu mieux les consommateurs. Par exemple, actuellement, le taux de rotation des actions reprises dans un fonds ne doit pas figurer dans le prospectus. Cela dit, les banques sont responsables de la situation actuelle, mais les clients le sont également. Le gros problème, c’est leur éducation au monde de la finance.

Vous évoquez dans votre ouvrage la faillite possible de grandes banques, même celles qui sont considérées comme structurellement trop importantes pour fermer boutique…

Je ne dis pas que cela va arriver. Mais cela pourrait arriver. En Europe, les banques sont notoirement sous-capitalisées et détiennent de nombreuses obligations d’Etat (italiennes, grecques, espagnoles) qui ne sont pas sans risques. Si, inquiets d’une possible faillite, les clients retirent massivement leur argent des banques, la faillite se concrétisera très vite. Les banques sont très vulnérables : il suffit d’un peu de méfiance. Et, dans ce cas, je ne vois pas bien où l’Etat irait chercher les sous nécessaires pour sauver l’institution.

PROPOS RECUEILLIS PAR L.V.R.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire