« La Flandre doit soigner sa communication »

Du doigté et de la sérénité : c’est ce que recommande à l’autorité flamande le Pr Jan Wouters. De précieux conseils : cet expert en droit international à la KUL préside l’organe consultatif SARiV qui a planché sur le rendez-vous avec l’ONU.

Le Vif/L’Express : Wooncode, non-nomination de bourgmestres, non-ratification du traité sur les minorités : l’image de la Flandre risque-t-elle de souffrir devant le Conseil de l’ONU ?

Jan Wouters : Nous n’avons pas pris position sur ces dossiers politiques sensibles, mais souligné le fait que le gouvernement flamand doit être conscient que ces sujets pourraient à nouveau retenir l’attention des médias. La Flandre ne doit pas craindre cette évaluation, mais l’autorité flamande doit se préparer à communiquer de manière correcte.

Est-ce le cas ?

La Belgique doit transmettre son rapport aux services du haut représentant aux droits de l’homme en février 2011. Le niveau fédéral en coordonne la confection. Du point de vue flamand, on a entamé la consultation à l’été 2010.

La Flandre a-t-elle tiré les leçons de l’expérience avec le Conseil de l’Europe ?

Il ne s’agit pas de supputer les probabilités d’un jugement plus ou moins mauvais. Les organes des Nations unies et du Conseil de l’Europe ont chacun leur rôle à remplir. Il arrive qu’ils mettent en avant des points de convergence. Le gouvernement flamand ferait mieux d’en tenir compte.

Quel impact aurait un jugement négatif du Conseil des droits de l’homme sur l’image de la Flandre ?

Ce Conseil ne livre pas de jugement contraignant sur le plan juridique. Il s’agira de recommandations quant à l’application des droits de l’homme en Belgique. Tous les pays membres de l’ONU sont invités à améliorer leur politique. L’image de la Flandre pourrait être abîmée si on ne réagit pas à ces recommandations de manière sereine, ouverte et avec un regard critique. Je me réfère ici aux conclusions du Comité des Nations unies pour l’élimination des discriminations raciales, rendues publiques en mars 2008. Nous avons estimé que ce rapport n’a pas fait l’objet d’une bonne communication ni d’un débat politique avec la connaissance voulue. Bien que plusieurs comptes rendus de presse aient été trop simplistes en accordant notamment une importance disproportionnée au paragraphe relatif au Wooncode.

Investir dans le travail de réseaux, une stratégie de communication. Le message du SARiV est-il entendu ?

Le ministre-président s’est engagé à bâtir une politique à long terme en ce domaine. On a désigné un manager de l’image qui examine si l’image que renvoient la Flandre et l’autorité flamande, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, correspond aux attentes. On est aussi occupé à développer un label clair pour la Flandre.

L’image de la Flandre s’améliore-t-elle ?

Il est important que le gouvernement flamand y attache un intérêt permanent. D’autant que notre pays retient plus souvent l’attention des médias internationaux, en raison de l’instabilité politique.

De quoi souffre cette image ?

La Flandre a de nombreux atouts à faire valoir, mais elle a accordé par le passé trop peu d’attention à une bonne politique de communication à vocation internationale. Il faut aussi souligner la couverture médiatique internationale parfois unilatérale à l’égard de la Flandre. Une cause possible est le fait que les médias internationaux se fondent surtout sur des sources d’information francophones dans notre pays. L’autorité flamande tente de rétablir un équilibre en soutenant la traduction en anglais d’articles de presse néerlandophones.

La Flandre est-elle traitée injustement ? Ou prisonnière du syndrome de Calimero ?

Cela ne me semble pas à l’ordre du jour. C’est la première fois que la Belgique, et non la Flandre, sera évaluée par le Conseil des droits de l’homme. La Flandre, comme les autres entités, doit veiller à préparer au mieux cette évaluation.

ENTRETIEN : P. HX

 » Une couverture internationale parfois unilatérale « 

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