» La dimension sociale du MR s’est atténuée « 

Le Vif/L’Express : Pourquoi la venue de Rudy Aernoudt au MR vous paraissait-elle aussi inacceptable ?

> Marie-Christine Marghem : A cause de la crise économique, des grappes de gens vont tomber au chômage, des sociétés vont tomber en faillite, d’autres vont délocaliserà Et voilà M. Aernoudt qui arrive en roulant des mécaniques, en ironisant sur la Wallonie paresseuse et en demandant de couper les vivres aux chômeurs après trente-six mois. Les gens qui tombent maintenant au chômage sont victimes de la crise. Ce ne sont donc pas des chômeurs professionnels. Et on va leur dire qu’ils n’ont que trente-six mois pour retrouver un travail, alors que personne ne sait quand la crise va se terminer ? C’est de l’insulte ! Un Flamand qui vient faire la leçon de cette manière en Wallonie, chez moi, ça ne passe pas ! Et je suis mariée à un Flamand !

Gérard Deprez a dénoncé une  » dérive droitière  » du MR. Vous partagez son analyse ?

> Oui, je la partage. La dimension sociale du MR s’est atténuée. On a failli accepter Aernoudt chez nous, alors que certaines de ses propositions sont atroces. Il prône la flat-tax, c’est-à-dire un impôt sur le revenu à taux unique, 25 % pour tout le monde. C’est l’idée populiste par excellence, une réforme fiscale imbécile. Cela va rendre les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. On ne peut pas abandonner la progressivité de l’impôt. A part ça, j’admets que l’expression de Gérard Deprez est peut-être brutale et crue. Je n’aurais pas dit ça comme ça. Mais il faut tenir compte du contexte : Deprez a été parlementaire pendant vingt ans et, actuellement, il ne se sent pas respecté. Quand je vois Bernard Clerfayt déclarer dans Pan, la semaine passée, qu’il préfère Rudy Aernoudt à Gérard Deprez, je la trouve énorme ! Surtout de la part d’un FDF. Comment Clerfayt a-t-il osé dire ça ?

Quel est aujourd’hui l’enjeu principal, pour le MCC ? Mettre le PS dans l’opposition après les prochaines élections régionales ?

> Ce n’est pas contre les socialistes que nous luttons, mais contre un système qui a noyauté la Wallonie pendant plus de quarante ans. Mettre fin à cette hégémonie, ça nécessite un travail de longue haleine. L’Etat-PS, en Wallonie, ça reste une réalité. Dans plusieurs communes, si vous voulez un logement, il faut une carte du PS. Je regrette, mais c’est la vérité.

Entretien : F.B.

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