La crise va faire un malheur

La récession frappe à nos portes : faillites + licenciements + appauvrissement = retour au déficit des finances publiques. Annoncé par la crise bancaire, le cocktail s’annonce douloureux sur le plan social. Et potentiellement explosif.

S’il te plaît, dessine-moi une crise… En se livrant à cet exercice peu agréable, les analystes d’ING Belgique n’auront pas déçu les plus pessimistes : selon eux, l’économie belge a rendez-vous avec la récession à la fin de cette année. Livré voici quinze jours, le sombre diagnostic semble tenir la route. Il ne s’est guère trouvé que le secrétaire d’Etat aux Finances Bernard Clerfayt (MR) pour croire que ce scénario pourra être évité en 2009. Récession… Dans le jargon des économistes, le vocable venu tout droit des Etats-Unis annonce au moins deux trimestres consécutifs de croissance négative du produit national brut (PNB). En clair :  » Six mois de contraction de l’activité économique « , résume Vincent Bodart, économiste à l’Institut de recherches économiques et sociales (UCL). Un peu court pour traduire l’amplitude réelle du coup de mou qui guette le rythme de l’économie.  » Une définition plus couramment utilisée considère la récession comme une période prolongée, marquée par une baisse du niveau de l’activité économique mais aussi de l’emploi et des revenus « , précise-t-il.

La spirale risque de devenir infernale

Pour le dire plus crûment encore : les faillites vont s’envoler, les files de chômage s’allonger, le pouvoir d’achat en prendre un coup, la consommation fléchir, le crédit bancaire se resserrer. Et, par-dessus le marché, les finances publiques vont trinquer :  » La politique budgétaire, qui doit déjà absorber le choc de la crise bancaire, pâtira d’un ralentissement de l’activité économique « , analyse Mathias Dewatripont, professeur à la Solvay Brussels School of Economics and Management (ULB). Moins de recettes fiscales, davantage de dépenses sociales pour cause de chômage massif : la spirale risque de redevenir infernale.  » On pourrait aller vers de gros déficits budgétaires et une hausse de l’endettement.  » Déjà, certains se hasardent à chiffrer l’ampleur de la casse, avec une rigueur toute relative : la Flandre a perdu 200 emplois par jour depuis le début de la crise financière, s’alarme la presse nordiste.

Ce serait juste un mauvais moment à passer ? Bien malin qui pourrait prédire la durée de ce qui nous attend.  » En tout cas, nous n’avons plus connu de croissance négative sur base annuelle depuis longtemps. Le taux de croissance en 2001 – le plus bas de ces dix dernières années – atteignait encore 0,9 % « , calcule Mathias Dewatripont. Une récession économique n’est donc pas banale :  » Depuis trente ans, ces périodes ont tendance à diminuer, en fréquence et en durée. Entre 1973 et 2000, la durée moyenne d’une récession dans les quinze pays les plus industrialisés était de 1 an et demi « , reprend Vincent Bodart. Mais de la récession à la dépression, il y a un pas que l’intervention décidée et vertueuse de l’Etat devrait empêcher de franchir :  » Pareille récession au carré, d’une très grande sévérité, ne s’est plus produite depuis les années 1930.  » C’est déjà ça.

P. Hx

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