La crise, et comment s’en sortir

Une seule certitude : la crise financière, devenue une crise économique,

va durer au moins deux ans. Les pronostics des experts et les leviers

du retour à la croissance.

En économie, tout est affaire de cycles. La croissance perdue reviendra donc forcément. Mais quand ? Pour Etienne de Callataÿ, économiste en chef à la banque Degroof, l’éclaircie viendra après une très mauvaise année 2009 et après un exercice 2010 médiocre. Quant à Geert Noels, qui occupe les mêmes fonctions chez Petercam, il anticipe une normalisation dès le deuxième trimestre 2009. Enfin, d’après Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique, il faut s’attendre à sept ou huit trimestres de récession ; ce qui situe la sortie du tunnel vers la mi-2010.

Mais comment la sortie de crise surviendra-t-elle ? Voici quatre mécanismes possibles de retours à la croissance, qui pourraient se cumuler.

La dépense publique

Les pouvoirs publics continueront à relancer la machine économique.  » Les Etats ont déjà agi en recapitalisant les banques pour éviter que les crédits s’assèchent, rappelle Peter Vanden Houte. Ils devraient à présent mener une politique budgétaire expansionniste. Ça ne semble pas très orthodoxe, après toutes ces années où l’on a préconisé une diminution de la dette publique, mais c’est nécessaire à court terme. En tout cas, il est possible de poursuivre une telle politique, si on ne perd pas de vue les objectifs de stabilité à plus long terme. « 

La normalisation du secteur financier

Le secteur financier retrouvera petit à petit sa vitesse de croisière. Comme l’explique Geert Noels,  » pour l’instant, les banques ont du mal à jouer leur rôle d’intermédiaire entre ceux qui placent leur épargne à court terme et ceux qui veulent emprunter à long terme. Elles sont quasi devenues des day traders, soucieuses de maintenir l’équilibre au jour le jour. Après la fin de cette année, on peut espérer une normalisation progressive du secteur financier : les banques recommenceront à transférer les liquidités à court terme vers les crédits à long terme. C’est un préalable indispensable à une relance de l’économie en général « .

Le redémarrage de certains secteurs-clés

Plusieurs secteurs économiques cesseront de se contracter. Quand ? Lorsque l’offre et la demande se seront équilibrées. Etienne de Callataÿ cite deux exemples.  » Sur le marché immobilier, la baisse des prix s’arrêtera quand il n’y aura plus tellement de maisons et d’appartements à vendre. Cela se produira tôt ou tard : les robinets de la construction sont fermés. L’excédent d’offres immobilières va donc disparaître. Or comme c’est justement la baisse des prix immobiliers qui pollue gravement le secteur des crédits, l’ajustement entre l’offre et la demande de maisons permettra à l’économie de redémarrer. « 

 » Un autre ajustement se produira dans le secteur de la construction automobile, poursuit l’économiste. Pour l’instant, le ralentissement économique conduit les consommateurs à reporter l’achat d’une voiture, ce qui entraîne des difficultés chez les constructeurs américains. Toutefois, les ménages auront toujours autant besoin de véhicules. L’automobile n’est donc pas condamnée à disparaître. En revanche, les « mauvais » constructeurs, tels Ford et General Motors, qui continuent à produire des modèles trop grands et trop énergivores et qui ne correspondent plus à la demande, pourraient disparaître. Leurs concurrents, tels que Toyota, reprendront leurs parts de marché. « 

La baisse des taux

Les autorités monétaires devraient sortir du bois en réduisant drastiquement leurs taux directeurs, afin de favoriser les investissements dans les entreprises et d’encourager la consommation en réduisant l’attrait de l’épargne. Peter Vanden Houte entrevoit une politique monétaire plus agressive :  » Aux Etats-Unis, le taux directeur est à 1 %. Je suis presque sûr que la Réserve fédérale américaine (Fed) passera à 0,50 %. Et je n’exclus pas qu’elle descende à 0 % dans les six prochains mois, ce qu’on a vu au Japon pendant des années. En Europe, comme les clients ne veulent plus consommer et que les entreprises n’osent plus investir, il faudrait aussi une politique monétaire souple. « 

Philippe Galloy

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