La bienveillance que vous vous accordez vous incite à faire des choses qui font briller vos yeux. Vous renforcez ainsi votre capacité de résilience et réduisez vos sentiments anxieux et dépressifs, vous ouvrant davantage aux autres. © Getty Images/iStockphoto

La bienveillance rend plus fort

Quand le cancer vous met à l’épreuve, vous êtes plus fort en étant bienveillant, tant à votre égard qu’à l’égard de votre entourage. Plaidoyer de la psychologue Nathalie Cardinaels pour davantage d'(auto-)compassion lors de périodes éprouvantes.

Pendant ou après un cancer, il est possible que l’on se sente moins sûr de soi : le corps s’est modifié, l’insouciance a disparu. Alors qu’auparavant, vous réussissiez peut-être à dissimuler vos sentiments, la maladie vous a peut-être rendu(e) plus émotif/ve, que vous le vouliez ou non. Vous ne pouvez vous empêcher de parler et d’agir davantage en fonction de votre nouveau moi. Un changement qui peut aussi vous rendre plus fragile, si vous craignez les réactions d’autrui. Peut-être tenterez-vous autant que possible de conserver votre masque et de rester ferme avec vous-même. Peut-être allez-vous dès lors bloquer toute forme de bienveillance – la vôtre à votre égard ou à l’égard d’autres, et celle d’autrui vis-à-vis de vous. Car cette bienveillance ne vous est pas familière, ou vous la trouvez bizarre ou même menaçante.

 » Alors que si vous donniez plus de place à la bienveillance ou à la compassion dans votre vie, elle pourrait vous apporter beaucoup de bienfaits « , affirme la psychologue clinicienne et thérapeute comportementale Nathalie Cardinaels, qui anime aussi des formations à la pleine conscience et à la compassion. Mais en quoi consiste donc cette bienveillance ?

Votre meilleure amie

La plupart d’entre nous ont bien leur petite idée de la manière dont ils ont envie de se faire du bien : une journée bien-être, un petit resto, un achat vestimentaire ou des vacances dont on rêve depuis longtemps… Mais l’auto-compassion va plus loin que cela, selon Nathalie Cardinaels.  » Il s’agit d’une profonde bienveillance envers soi-même, qui suppose que vous vous acceptiez comme vous êtes, avec vos points forts et vos points faibles. Et que vous ouvriez activement votre coeur à vous-même, de manière à pouvoir vous assumer dans les moments difficiles, tout comme vous soutiendriez votre meilleur ami ou amie.  »

Vous pensez que ce n’est pas possible ? La psychologue prétend que tout le monde peut l’apprendre.  » Il est par exemple possible de suivre une formation de Pleine Conscience pour devenir plus conscient de qui vous êtes, de ce que vous ressentez et pensez, de ce dont vous avez besoin pour vous sentir bien. Dans un stage de ‘Compassion’ (comme le Mindfulness-Based Compassionate Living , scientifiquement étayé), vous pouvez apprendre à vous montrer tel que vous êtes, ne serait-ce qu’à vous-même – en sachant que vous pouvez être qui vous êtes, que vous avez de la valeur, quoi qu’il en soit. Très concrètement, vous apprendrez à être plus sympa avec vous-même, malgré vos limites et cicatrices physiques. À moins vous attarder à des pensées démoralisantes et à être plus ouvert à des pensées positives. À accepter de pouvoir faire moins de choses et de vous poser davantage. À oser choisir ce qui est bon pour vous.  »

La bienveillance rend plus fort

La bienveillance que vous vous accordez vous incite à faire des choses qui font briller vos yeux. Vous renforcez ainsi votre capacité de résilience et réduisez vos sentiments anxieux et dépressifs, vous ouvrant davantage aux autres.  » Et cela aussi c’est positif, car un coeur ouvert ouvre davantage de portes. Cela crée du lien et vous fait prendre conscience que vous n’êtes pas le ou la seul(e) à éprouver des difficultés. Vous constatez qu’accepter du soutien vous fait du bien, et que vous pouvez parfois vous simplifier la vie en vous montrant bienveillant à l’égard d’autres, qui ne comprennent pas toujours ce que vous traversez.  »

 » Tu as pourtant bonne mine  »

Dans la formation à la compassion pour les personnes qui ont (eu) un cancer, l’incompréhension de l’entourage est un sujet sensible, selon la psychologue. Ces personnes disent faire l’objet de propos du style :  » Sois positif, c’est mieux pour ta guérison « ,  » Tu verras, ça va aller  » ou encore  » Moi aussi, je suis parfois fatigué « . Comment réagir à cela en faisant preuve à la fois de compassion envers vous-même et de bienveillance envers l’autre, qui part d’une bonne intention mais vous fait quand même sentir incompris, mal à l’aise ou seul ?

Prenons par exemple la phrase  » Tu as pourtant bonne mine « , prononcée par une connaissance que vous rencontrez et qui se montre surprise quand elle entend que vous n’avez pas encore repris le travail.  » Vous pouvez dire par exemple : ‘Merci pour le compliment. Honnêtement, je me sens souvent mal en point, mais c’est chouette d’entendre que cela ne se voit pas. Cela m’ennuie de dire que je ne me sens souvent pas très bien, car j’ai quand même peur qu’on se lasse de mes plaintes. Mais ce n’est pas facile de remonter la pente après les traitements. J’ai quand même un peu sous-estimé cette étape ‘. Si en revanche, vous ne ressentez pas le besoin de dire comment vous vous sentez vraiment, vous n’avez qu’à répondre par exemple : ‘Merci bien, mais je n’ai pas envie d’en parler aujourd’hui. Parlons d’autre chose. Et toi, comment vas-tu ? Je suis content(e) de te voir ! ‘ . Faire preuve de bienveillance face à des propos ou des comportements maladroits ne veut pas dire que vous acceptez tout sans broncher, mais bien que vous restez attentif à votre interlocuteur. « 

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