L’UMP met en marche la machine à nourrir le populisme

Une certaine droite rêve d’un Mai 68 à l’envers.

On sent monter une crise de régime !  » Ce pronostic est de François Fillon. Pour certains, à droite, c’est un espoir. Du moins si l’on en juge par l’hystérisation du débat public à laquelle ils participent, dans une surenchère de plus en plus manifeste avec l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon. Aussi l’ancien Premier ministre invite-t-il l’opposition  » à ne pas souffler sur les braises « . Il a peu de chances d’être entendu, tant le contexte pousse à l’escalade, le pouvoir traversant une phase d’impopularité aiguë. A portée de main se trouve une  » manif  » disponible, que l’on va s’employer à faire grossir, sur le modèle de ce qui fut fait au seuil de l’été 1984, où le cortège réuni pour la défense de l’école privée parvint à bousculer le pouvoir – François Mitterrand fut quand même réélu quatre ans plus tard.

Nous sommes dans une tentative de répétition de ce scénario de  » 1984 « . Et ce, bien que la situation soit radicalement différente : hier, la gauche avait été généreuse, mais avait conduit le pays dans le mur. Cette fois, François Hollande se préoccupe avant toute chose de rétablir nos marges de manoeuvre ; il lui faut donc colmater les trous béants laissés, dans la coque du navire France, par le quinquennat de Nicolas Sarkozy. C’est là le premier but de la radicalisation observée à droite : masquer un bilan qui, pris en compte, devrait conduire les responsables de l’opposition à réfléchir, à se remettre en question, à imaginer des solutions à la situation difficile du pays. Sauf que tout droit d’inventaire est interdit, Jean-Pierre Raffarin en sait quelque chose, à qui l’on a enjoint de rentrer dans le rang.

Cette interdiction atteste, à elle seule, la volonté de Nicolas Sarkozy de revenir. Tous les cercles sarkozystes se sont d’ailleurs remis en mouvement et font l’analyse que les échéances seront nécessairement bouleversées. D’où l’annonce par Jean-Louis Borloo d’une dissolution qui lui paraît, à terme, inévitable. Nous avons donc une UMP partagée en trois options (Fillon, Copé ou Sarkozy), qui se prive de la capacité de faire des propositions consensuelles et d’exprimer une alternative construite. Ne serait-ce que parce que tout consensus en son sein est, aujourd’hui, quasi impossible. Faut-il plus ou moins de libéralisme ? Plus ou moins de  » frontières  » – terme qui, selon Nicolas Sarkozy, doit désormais structurer le débat national ? Plus ou moins de repli – car telle est aujourd’hui la tentation ? Etc. Et que dire du modèle britannique, souvent invoqué, qui a plongé la Grande-Bretagne dans une véritable récession, tandis que la France ne connaît qu’une stagnation ?

Reste, fort logiquement, la délégitimation permanente du pouvoir, la part croissante laissée à une partie de la société française animée d’un désir de revanche (rêvant sans doute d’un Mai 68 à l’envers) et une interaction de plus en plus évidente avec les thèmes du Front national. Un exemple ? Le refus brutal et catégorique par la droite du débat autour de la recherche sur l’embryon. Et nous avons cette caricature d’une opposition qui dénonce tout, sauf lorsque François Hollande annonce que le niveau des dépenses publiques sera préservé pour la défense ! Résultat, la machine à nourrir le populisme se met en marche. L’UMP devrait pourtant savoir que, sur ce sujet, l’extrême droite fera toujours mieux.

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