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 » L’opération est une aide, pas une solution miracle « 

La chirurgie bariatrique peut rapporter des bénéfices de santé conséquents. Comme toute autre intervention, elle présente toutefois aussi certains risques et impose une adaptation définitive du mode de vie.

La chirurgie de l’obésité ou chirurgie bariatrique est largement remboursée chez les adultes qui présentent un BMI supérieur ou égal à 40 (ou supérieur ou égal à 35 en combinaison avec un diabète de type 2, une hypertension résistante au traitement ou un problème d’apnée du sommeil). Il faut cependant pouvoir démontrer que les approches classiques n’ont pas permis, à elles seules, d’obtenir des résultats suffisants.  » Même après l’opération, il reste toutefois nécessaire d’adopter les conseils d’hygiène de vie classiques ou plus spécifiques, souligne Anthony Beunis, spécialiste en chirurgie bariatrique. L’intervention n’est en effet qu’une aide dans la lutte contre l’obésité et les maladies qui peuvent l’accompagner, pas une solution miracle.  »

Transformations

La gastrectomie longitudinale (Sleeve) consiste à réduire la taille de l’estomac afin que le patient se sente plus rapidement rassasié et ne soit plus capable de manger autant. L’intervention la plus réalisée en Belgique et partout dans le monde est toutefois la dérivation (bypass) gastrique.  » Cette opération laparoscopique consiste non seulement à réduire la taille de l’estomac mais aussi à sectionner l’intestin grêle à un endroit bien précis, explique Anthony Beunis. Sa portion inférieure est ensuite connectée au nouvel estomac, tandis que sa portion supérieure – où se retrouvent le suc gastrique de la partie résiduelle de l’estomac, la bile et le suc pancréatique – est reconnectée 1 à 1,5 mètre plus loin. De cette manière, les aliments n’entrent en contact avec les sucs digestifs que bien plus tard. Cela implique aussi que le patient absorbe moins bien les nutriments et doit adapter considérablement ses habitudes alimentaires avec l’aide d’un diététicien.  » (voir en p. 19)

 » Pour s’assurer des apports suffisants en vitamines et minéraux, les personnes qui ont subi cette intervention doivent aussi prendre des suppléments (non remboursés) pendant le reste de leur vie, ajoute l’endocrinologue Eveline Dirinck. Des prises de sang régulières permettent d’identifier les éventuelles carences, qui ne se manifestent pas toujours tout de suite mais peuvent provoquer à plus long terme des symptômes tels que fatigue, perte de cheveux, ongles cassants, troubles de l’humeur, fragilité osseuse, etc. Des études ont aussi constaté un risque d’ostéoporose légèrement accru après un bypass gastrique, même avec une supplémentation adéquate en calcium et vitamine D.  »

Activité physique

Moyennant les adaptations ad hoc de leur mode de vie, les patients perdent en moyenne 60 à 80 % de leur excédent pondéral après l’intervention.  » Le corps réagit toutefois différemment d’un individu à l’autre, souligne Anthony Beunis. Le résultat obtenu et sa pérennisation dépendent aussi du respect des recommandations en matière d’alimentation et d’activité physique. Heureusement, avec quelques kilos en moins, bouger est déjà plus facile ! Certains hôpitaux proposent un programme d’exercice adapté pour aider les patients à développer leur condition physique et leur masse musculaire. Le psychologue peut ensuite aider le patient à tenir sur la durée.  » (lire en p. 20) Non seulement l’exercice contribue à entretenir un poids sain, mais il a aussi un effet bénéfique sur le métabolisme du glucose, la santé cardiovasculaire, le cholestérol et la tension.

Le simple fait de perdre du poids améliore généralement aussi la santé globale et les traitements contre le diabète, l’excès de cholestérol ou l’hypertension pourront souvent être réduits, voire interrompus.

Points d’attention

Il est aussi chaudement recommandé d’arrêter de fumer et de modérer sa consommation d’alcool.  » Après l’intervention, la sensibilité à l’alcool augmente ainsi que, légèrement, le risque d’assuétudes, explique Eveline Dirinck. Il est important de signaler à chaque médecin consulté ses antécédents d’opération bariatrique, pour qu’il puisse en tenir compte dans sa prescription de médicaments. Mieux vaut en effet éviter des produits comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens, passablement néfastes pour l’estomac. D’autres médicaments comme la pilule contraceptive sont susceptibles d’être moins bien absorbés, ce qui peut justifier le passage à un mode de contraception non oral. En outre, l’obésité est associée à une fertilité réduite : une femme peut donc tomber enceinte plus facilement après l’intervention. Il est toutefois recommandé d’attendre la stabilisation du poids avant une éventuelle grossesse. « 

Quels risques ?

Comme toute autre intervention invasive, la chirurgie bariatrique comporte aussi certains risques. D’après le rapport 316B du KCE (Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé), publié en 2019, l’incidence des décès est toutefois très faible, de l’ordre de 0,04 à 0,38 %. Environ 5 % des patients sont cependant réhospitalisés dans les 30 jours en raison de complications précoces telles que des infections, hémorragies, fuites, perforations ou obstructions. 20 % doivent être réopérés dans les 5 ans pour remédier à divers désagréments ou complications tardives allant de simples problèmes de reflux aux hernies internes (après dérivation gastrique uniquement).  » L’intestin grêle se retrouve alors coincé dans un orifice créé par la réorganisation de l’anatomie de la cavité abdominale, ce qui peut s’accompagner de graves maux de ventre aigus ou récurrents, explique Anthony Beunis. Ce problème peut être résolu en refermant l’ouverture par voie chirurgicale.  »

En dépit des complications potentielles, le rapport risque-bénéfice de la chirurgie reste toutefois tout à fait favorable, souligne encore le rapport du KCE (www.kce.fgov.be).

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