L’instruction plaît à Dieu

Avant le scrutin de juin, un message qui circulait m’a incité à une petite comparaison entre les listes des quatre principaux partis francophones à Bruxelles. Nos concitoyens dont les noms et prénoms suggèrent une origine étrangère et une culture musulmane y étaient représentés de façon assez inégale : sur 72 candidats, 26 sur la liste du PS, 16 à 19 (3 candidats moins  » identifiables « ) pour le CDH, 13 chez Ecolo et 10 au MR ; cependant, rien, dans leur image, ne montrait une volonté de jouer sur un particularisme ethnique ou religieux : aucun foulard  » islamique « , et pas plus de  » barbus  » que parmi les autres messieurs…

Cette observation semble corroborer l’hypothèse suivant laquelle la nouvelle élue qui s’est affichée avec le foulard lors de la prestation de serment n’a pas joué franc jeu au moment de la constitution des listes et de la publicité électorale, à moins que ce ne soit son parti qui, comme cela semble avoir été dit, aurait gommé cet accessoire ?

J’en viens à l’argument, avancé par la jeune élue et ses défenseurs, de la pluralité culturelle de la société occidentale moderne. Il n’est pas douteux que le modèle de société et le mode de vie que l’Occident a produits sont, pour le reste du monde, un objet de convoitise mais parfois aussi de haine ; l’occidentalisation des m£urs, et en particulier celle du costume, y a atteint des degrés fort variables et a parfois été inversée, au moins au niveau symbolique. Même si le jean et le tee-shirt sont quasiment devenus un uniforme mondial de l’homme, on constate des attachements à certaines pièces vestimentaires, voire à des coutumes capillaires : un Indien d’Asie, surtout peut-être s’il appartient à un groupe religieux comme celui des sikhs, continue à porter le turban ; un Amérindien militant pour les droits des  » Native Americans « , même aux Etats-Unis à partir des années 1970, peut porter avec fierté des cheveux longs et même nattés… Tout cela ne me dérange pas en tant que tel, pourvu que les individus qui tiennent à afficher d’une manière ou d’une autre leur culture d’origine ne travaillent en aucune façon à perturber la vie des indigènes que nous sommes, ni à infléchir, voire à dénoncer nos coutumes et nos règles pour imposer les leurs. Ce qui me paraît troublant, voire dérangeant ou même inquiétant, c’est de voir que, pour de nombreuses familles de culture musulmane vivant dans les pays d’Europe ou d’Amérique du Nord, c’est la femme et elle seule qui semble  » souhaiter  » montrer son attachement à des traditions vestimentaires, ou éventuellement y être tenue par les us et coutumes. (…) Il faut (…) de la compréhension pour une évolution décalée par rapport à la nôtre, mais nous ne sommes pas obligés de nous plier à des us qui ont souvent été rétablis, par exemple en Egypte ou en Iran, par une faction fondamentaliste, en opposition à une tendance politique et sociale, notamment dans les universités, qui avait encouragé l’émancipation des femmes. (…)

Je veux dire que le fondamentalisme musulman n’est évidemment pas apparu spontanément en Occident, qu’il s’exprime et s’organise grâce à des libertés démocratiques qu’il combat plus ou moins ouvertement, et qu’il prend pour cela en otage les familles les plus démunies matériellement et intellectuellement (…), ne craignant pas de fouler aux pieds un prescrit du Coran qu’on devrait plus souvent rappeler : celui qui a la possibilité de s’instruire doit le faire car cela plaît à Dieu (…)

Albert Ory, par courriel

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