L’Etat encore appelé à jouer les secouristes

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Le secteur bancaire, KBC en tête, continue à prendre des claques. Le gouvernement est prêt à intervenir une nouvelle fois. Reste à trouver comment …

La première bouée de sauvetage, lancée par le gouvernement à l’automne dernier, n’aura pas suffi : les banques belges (et internationales) nagent à nouveau en eaux troubles, et certaines risquent même de se noyer. En quelques jours, le titre de la KBC à la Bourse de Bruxelles a ainsi perdu plus de la moitié de sa valeur. Il vaut désormais un peu plus de 6 euros, pour 60 en septembre dernier. En cause : ses participations, directes ou indirectes, en Europe de l’Est, en Russie et en Irlande. Rien qui rassure les investisseursà Lorsque l’agence de notation Moody’s a annoncé qu’elle reverrait son appréciation sur certains produits financiers – entre autres détenus par la KBC -, les marchés ont aussitôt anticipé une nouvelle dévalorisation de ce type de crédits. La banque tente bien de calmer les investisseurs, mais le titre n’en finit pas de plonger.

La KBC ne constitue pas un cas isolé. Le profond ralentissement économique pèse déjà sur le bulletin de santé des banques. Partout, de nouvelles dépréciations d’actifs sont attendues : leur valeur comptable est mise en doute, inquiétant davantage encore les investisseurs. Les dirigeants des institutions bancaires réclament désormais des chiffres comptables transparents. Cela n’a pas toujours été le cas, comme on l’a vu chez Fortis, à la Société Générale en France, avec l’affaire Kerviel, et lors de l’écroulement de l’empire Madoff. Ce faisant, les patrons des banques se mettent à l’abri d’éventuels reproches qui pourraient leur être adressés ultérieurement, voire d’éventuelles attaques en justice des actionnaires. Mais la transparence a un prixà Çà et là, les défauts de paiement commencent à se multiplier (lire aussi en p. 44). L’orage menace.

Conscients du danger, le gouvernement fédéral et les experts qui l’assistent dans la gestion de la crise bancaire envisagent désormais un deuxième geste à l’égard du secteur bancaire, après que 20 milliards d’euros y eurent déjà été injectés à l’automne.  » Il faut s’y prendre suffisamment tôt pour éviter de devoir à nouveau sauver une banque en l’espace d’une nuit « , a commenté le ministre des Finances Didier Reynders, à l’agence de presse Belga. Combien coûterait cette deuxième bouée de secours ? Aucune estimation n’est avancée. En tout cas, le but est de trouver une réponse globale aux difficultés du secteur bancaire, de protéger l’épargne et d’assurer le crédit aux entreprises.

L’une des pistes évoquées consisterait à loger dans une structure séparée, créée pour les besoins de la cause, les actifs toxiques des banques. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, estimant que les banques ne pourraient jamais émerger de  » leur  » crise tant que la valeur de ces actifs à problèmes continuerait de baisser, envisagent un système similaire. En échange, les banques sont priées de reprendre leur rôle dans le système économique et de se remettre à accorder des prêts.

Une telle opération de sauvetage aurait un effet négatif sur les finances publiques, alors que l’on s’attend déjà à un recul de la croissance de 1,9 % cette année, et à un déficit public frôlant les 3 % (lire le dossier en p. 80). Sans compter que la notation de la dette belge, établie par les agences de notation internationales, comme Standard & Poors et Moody’s, pourrait être revue à la baisse, augmentant d’autant le coût de l’empruntà Le gouvernement attend l’avis des experts sur le sujet. l

Laurence van Ruymbeke

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