L’école durable, la culpabilisation continue…

J’ai reçu dans ma boîte aux lettres un courrier nominatif (…) de Mme Huytebroeck : une invitation à participer à la Semaine européenne de réduction des déchets du 22 au 30 novembre 2008. (…) C’est surtout le premier paragraphe de cette lettre qui m’a fait réagir.

Au-delà des bonnes intentions citoyennes et écologiques, j’apprenais dans cette lettre qu’une étude sur les flux de papier dans les écoles démontrait que celles-ci consomment 250 millions de feuilles A4 par an. Par ailleurs, seulement 5 %, toujours selon ce courrier, seraient utilisées recto verso et 71 % des écoles n’utiliseraient jamais de papier recyclé. Chiffres et rumeurs circulent souvent dans les salles des professeurs aussi. On nous parle ainsi d’un plafond de la Communauté française de 75 euros/élève pour les photocopies. On attend toujours le coup de cette nouvelle décision…(…)

Toutefois ce courrier appelle plusieurs remarques avant d’en arriver à cette école durable :

– Quel est l’institut qui a répertorié ces 250 millions de feuilles A4 utilisées par an par les écoles (de Bruxelles ?) ? Surtout lorsque l’on sait que bien des professeurs (souvent bénévoles) des économats d’école ont toutes les peines du monde à calculer les factures des photocopies.

– Seulement 5 % des feuilles seraient utilisées recto verso ? A nouveau, la provenance de ce chiffre semble bien mystérieuse au vu de certains modèles de photocopieuses d’école qui comptent encore une copie qu’elle soit recto ou recto verso.

– Enfin, l’utilisation du papier recyclé qui ne serait que de 29 % dans les écoles revêt à nouveau, au-delà de la mystérieuse origine du chiffre, le caractère de la culpabilisation de l’enseignant. En effet, ce courrier mentionne ce chiffre en s’adressant au professeur alors que c’est partout le pouvoir organisateur qui choisit ou non d’utiliser ce papier recyclé. Et croyez-moi, plusieurs collègues se sont déjà demandé pourquoi nous n’avions pas de papier recyclé. Question de budgets malheureusement, encore…

En réalité, mon école durable ressemble à un autre rêve. Des ordinateurs portables offerts à chaque enseignant afin qu’il travaille à l’école et à domicile en consommant moins de papier. Un rêve qui se concrétise déjà pour certains pays pauvres avec les premiers portables à 100 euros. Une adresse e-mail générique (type @enseignement.be) afin de recevoir les e-mails de nos ministres plutôt que des papiers de bonnes intentions. Oui, une école durable où chaque classe serait pourvue de tout le matériel informatique pour ne plus voir ces photocopies excédentaires traînant sur les bancs et ces professeurs de langues tels des escargots traînant leurs câbles, leurs enregistreurs et leurs papiers dans les couloirs de papier peint défraîchi. Une école durable tournée vers l’avenir où l’on ne demanderait pas constamment aux enseignants des efforts en papier mâché pour atteindre une citoyenneté écologique qui est le lot de chaque citoyen…

Christophe Jambers, professeur au collège Saint-Michel et à l’ISPG, à Bruxelles

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