L’amant virtuel se glisse sous la couette

Retrouver son premier amour, flirter en ligne, tout est possible sur la Toile. Quand un couple bat de l’aile, Internet devient-il son pire ennemi ?

Elle dit qu’elle a décroché. Trois mois à se tourner autour sur MSN,  » mais maintenant c’est fini « . Depuis une semaine (une éternité, à l’horloge du Web), Myriam, 31 ans, n’a plus échangé ne fût-ce qu’un smiley avec son amant en ligne. Un amant, vraiment ?  » Non, je n’avais pas l’impression de tromper mon copain. Mais il valait mieux que ça s’arrête là. Si ça avait duré plus longtemps, ça aurait pu déraper.  » En couple depuis deux ans et demi, Myriam traverse une période où  » on a l’impression que les choses sont acquises « . Le moment est propice pour Damien, un collègue. Une entente cordiale, une complicité qui naît. Puis vient l’échange des adresses MSN.  » Je me suis dit, ce sera plus facile pour le boulot.  » Très vite, les conversations – en ligne exclusivement – commencent à dévier. De petites allusions, qui se transforment en avances à peine voilées.  » Ça me faisait plaisir qu’il s’intéresse à moi , glisse Myriam, qui ne révèle pas à Damien qu’elle est en couple.

Sur Internet, c’est facile, tu peux laisser planer le doute. Si une question ne te convient pas, tu peux nier l’affaire. Quand tu es en face de la personne, tu es obligé de le repousser, c’est plus compliqué. J’avais juste besoin de sentir cette période ambiguë qui précède une relation. Internet était l’outil parfait.  » Pratique : avec les nouvelles technologies, plus besoin de se déplacer pour ressortir ses habits de séducteur ou séductrice. Un portable, une connexion, et le jeu peut commencer. Un jeu piquant  » mais pas malsain  » selon Myriam. D’autres s’y sont pourtant brûlé les doigts.

Internet, le grand démarieur

 » On oublie qu’Internet est un des plus grands démarieurs, commente Pascal Lardellier, professeur de sociologie à l’université de Bourgogne. Aujourd’hui, nous connaissons tous deux ou trois couples qui se sont rencontrés sur Internet. D’ici à deux ans, nous en connaîtrons tous quelques-uns qui se seront quittés à cause d’Internet. En clair, dans ce nouvel eldorado sentimental, les couples devront être de plus en plus forts pour tenir le coup. Car, désormais, en un seul clic, on entre en contact avec n’importe qui ! « 

Annick, 30 ans, mariée, trois enfants, n’est pas entrée en contact avec  » n’importe qui « . Théo, ça faisait un bail qu’elle pensait à lui. Un amour d’enfance, qui n’a pas duré, mais qu’elle n’a jamais oublié. Ce n’est que 18 ans plus tard qu’elle se décide à entamer les recherches. D’abord via les anciens camarades de classe. Chou blanc. Elle le retrouve finalement via Facebook, mais il ne répond pas à ses messages. Elle décide de faire le pied de grue devant son compte.  » Dès que j’ai vu qu’il était en ligne, je lui ai sauté dessus. « Salut qu’est-ce que tu deviens ? Tu as de beaux enfants. Pourquoi tu m’as quittée ? »  » Plutôt directe, l’entrée en matière.  » Avec Internet, en un clic on retrouve quelqu’un et on entre en contact de façon ludique et désinhibée, commente Pascal Lardellier. Cette jeune femme n’aurait peut-être pas osé appeler son premier amour, à l’époque du téléphone. Là, sur Facebook, elle a osé. « 

Ce qui pouvait ressembler à une obsession de gosse a rapidement pris une tournure plus concrète. Après de nombreux échanges virtuels sur des comptes gmail spécialement créés pour l’occasion – et dont Annick conserve méthodiquement toutes les archives -, les sentiments réciproques se sont confirmés par téléphone, puis de vive  » voix « . Théo et Annick vivent désormais ensemble, et ont entamé une procédure de divorce avec leurs conjoints respectifs.  » Lorsque je chattais avec Théo, je n’avais pas le sentiment de tromper mon mari. Par contre, quand je couchais avec lui, j’avais l’impression de tromper Théo. « 

G.Q. & C.A.

 » sur internet, on peut laisser planer le doute « 

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