L’agriculture bio ne pourra pas nourrir la planète

8 L’agriculture bio sera capable de nourrir la planète, affirmait l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies (FAO). Partout, la reconversion des terres vers le bio va bon train : le bio est présent dans 120 pays, il couvre 31 millions d’hectares (2 % des terres agricoles mondiales), pour un marché de plus de 40 millions de dollars.

L’institution se fondait en fait sur une étude de l’université du Michigan (Etats-Unis), où des chercheurs ont comparé les rendements de cultures bio et conventionnelles dans les pays développés et en voie de développement. La productivité est légèrement inférieure dans les pays du Nord. Et, dans les pays du Sud, certains rendements bio sont parfois supérieurs de 80 % à ceux de l’agriculture classique. Mais il faut nuancer ces résultats optimistes.  » L’étude confronte des systèmes peu comparables et extrapole sans précaution des résultats expérimentaux « , souligne-t-on chez Bioforum. Les rendements diffèrent en effet selon les sols, les climats. En tout cas,  » le potentiel du bio n’est pas suffisant, loin s’en faut, pour nourrir la planète « .

Depuis, la FAO a jeté aux orties la fameuse étude, signalant qu’il ne s’agissait pas d’un document de l’organisation. Sur le site officiel, avant d’être retiré, celui-ci était pourtant mentionné comme étant un rapport de la FAO. On peut y lire, en revanche, qu’  » il n’est pas possible de nourrir aujourd’hui 6 milliards de personnes, et 9 milliards en 2050, sans une utilisation judicieuse d’engrais chimiques « . En 2007, la Banque mondiale notait d’ailleurs que  » le faible taux d’utilisation d’engrais est l’un des principaux obstacles à l’augmentation de la productivité agricole en Afrique saharienne « .

Et les OGM ? A l’heure actuelle, c’est un outil inadapté, qui présente de nom-breux inconvénients, comme les risques environnementaux, que l’on ne maîtrise pas.  » Nous n’en sommes qu’au début, estime Bruno Parmentier, chercheur au CNRS. Les OGM actuels, imaginés par une entreprise qui fabrique des pesticides et des insecticides (NDLR : l’américain Monsanto), ne peuvent constituer la solution unique aux crises alimentaires. Mais, en 2050, il y aura peut-être des plantes qui pousseront avec moins d’eau, sur des terres salées, ou résistantes à la chaleur, au pourrissement, qui fourniront plus de protéines ou de vitamines. Ce serait alors une grave erreur de s’en priver. « 

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