Michel Claise
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L’Agamemnon allemand

C’est l’histoire mêlée de L’Iliade et de Heinrich Schliemann. Le récit d’Homère et la vie de ce prodigieux homme d’affaires allemand, parti de moins que rien, devenu plus que fortuné durant le xixe siècle et qui partit à la recherche de Troie, la cité disparue, envoûté qu’il était depuis tout petit par les histoires héroïques que lui racontait son père et tirées des textes homériques. Pour son déjà neuvième roman, Michel Claise, le juge d’instruction en charge de tant d’enquêtes contre la criminalité financière, raconte la force procurée par les rêves d’enfant, pour peu qu’on n’y renonce pas une fois adulte. Ici, ce n’est pas tant la plume qui importe ; c’est le parcours de Schliemann, fait d’exploits et de revers, de combats et de retraites, mais dessiné par une obstination et une passion que même la maladie ne peut réfréner. Dans le portrait romancé qu’il en fait, Michel Claise présente ainsi Heinrich Schliemann bien davantage qu’en aventurier archéologisant. Il le relie carrément au roi de Mycènes (d’où le titre du livre), Agamemnon. L’un comme l’autre étant en fait animés, obsédés même, par une même ambition : la conquête de Troie. Une histoire pas uniquement destinée à celles et ceux que l’évocation de Platon, Hérodote, Sapho, Aristote ou Ménélas ramène à leurs études secondaires classiques. Même si le juge d’instruction semble convaincu qu’en supprimant de l’enseignement ce que l’on a malheureusement désigné depuis longtemps comme les langues mortes,  » le politique prépare une société de techniciens excluant les humanistes « . Raconter l’odyssée de Schliemann démontre pourtant que ces derniers peuvent encore faire beaucoup de petits.

La Porte des lions, par Michel Claise, éd. Luce Wilquin, 288 p.
La Porte des lions, par Michel Claise, éd. Luce Wilquin, 288 p.

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