» L’ACHETEUR A DéSORMAIS LES CARTES EN MAIN « 

Dans les allées aérées du village de Vaulx, au sud-est de la ville, les villas, bien que moins tape-à-l’£il qu’à Mont-Saint-Aubert, s’enchaînent dans ce qui pourrait paraître comme l’archétype du quartier résidentiel. Dans la même rue, deux propriétés à vendre, à quelques mètres de distance. La première – trois chambres, confort contemporain, deux garages – est affichée à 270 000 euros. La seconde – quatre à six chambres, un peu vieillotte – l’est à 285 000. Un chiffre déjà revu à la baisse par les propriétaires, qui en espéraient 315 000 dans un premier temps. Point commun entre les deux bâtisses : elles ont beaucoup de mal à se vendre.

 » Il y a beaucoup de biens sur le marché, dans cette gamme-là. Les propriétaires qui sont pressés de vendre veulent bien baisser leur prix, mais la plupart n’ont pas encore intégré l’état actuel du marché. Le message ne rentre pas vraiment. Avec les années folles, les biens se sont vendus à des prix incroyables, et certains propriétaires ont eu tendance à prendre ces valeurs de convenance pour la valeur du marché « , explique-t-on chez Carré Immobilier.

L’état du marché. Difficile de passer à côté, pour lui comme pour ses confrères : maître Yves Van Roy a également remarqué une chute de l’activité depuis le dernier trimestre 2008. Comme dans d’autres bilans provinciaux de fin d’année, la baisse réelle des valeurs immobilières et du nombre de transactions n’a pas véritablement pu être mesurée (même si les notaires, invités à consigner sur papier leurs impressions, évoquaient une baisse de 15 % de l’activité sur le dernier trimestre) : l’effet de retard, entre le compromis de vente et le passage chez le notaire (qui prend quelques mois), fausse la donne.

C’est donc dans ces premiers mois de 2009 que les dégâts causés par la crise financière et l’incertitude généralisée qu’elle charrie peuvent être analysés.  » En janvier et en février, on doit admettre une baisse de 50 % des transactions, indique Yves Van Roy. C’est une catastrophe due aux retombées d’octobre, novembre et décembre 2008.  » Même si les mois de janvier et février sont généralement plus calmes sur le front du marché immobilier, ceux-ci furent anormalement calmes. J’ai dit dans la presse, sous forme de boutade, que je me demandais parfois si le téléphone n’avait pas été débranché.  » Urgence, donc.

Très présents sur le marché local, les frères Leclercq, de l’agence Era Leclercq, sont bien obligés de corroborer les propos du notaire. Mais David Leclercq préfère parler de  » stabilisation du marché « . Un marché dont les prix se seraient envolés entre 2000 et 2007 pour arriver finalement, en 2008,  » à maturité « . Ce n’est pas la première fois qu’on entend cela :  » Depuis le début 2009, on sent un regain d’intérêt pour l’immobilier. Il y a quelques mois, beaucoup de clients potentiels ont dû renoncer à leur investissement immobilier à cause des pertes encourues par les banques. Mais en ce moment, même si ce n’est plus la frénésie qu’on a pu connaître par le passé, ça bouge à nouveau. « 

Important constat formulé sur la région – et il suffit de s’y balader pour le constater – : l’offre en biens immobiliers est importante à Tournai. Conséquence : l’acheteur a souvent les cartes en main, même si, par-ci, par-là,  » un phénomène d’emballement est encore possible si deux acheteurs veulent absolument le même bien. Il arrive encore que des maisons se vendent en quinze jours « . Mais c’est l’exception. La règle, c’est un acheteur qui a lu ou entendu que les prix de l’immobilier étaient en chute, et qui adopte la position attentiste de ceux qui furètent pour dénicher l’affaire de l’année. David Leclercq confirme :  » En ce moment, les vendeurs, pour leur intérêt, ne devraient pas mettre leur bien en vente à des prix déraisonnables. Plus l’écart est grand entre notre estimation et les attentes du vendeur, plus le bien sera difficile à écouler. Et le gros problème, aujourd’hui, c’est que beaucoup de propriétaires réclament encore des sommes exagérées pour leur logement. « 

G.V.

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