© frédéric raevens

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Ce 15 août, c’était le 250e anniversaire de la naissance de Napoléon. Le 2 mai, le 500e de celle de Léonard de Vinci. Le 20 avril, le 130e de celle d’Adolf Hitler. Le 1er septembre, ce sera le 80e anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale. Le 4 octobre, le 350e de la disparition de Rembrandt. Et le 9 novembre, on célébrera les 30 ans de la chute du mur de Berlin. 1989, c’est également l’année des manifestations de la place Tian’anmen, à Pékin survenues trente ans après la prise du pouvoir cubain par Fidel Castro et vingt après le premier pas de l’homme sur la Lune. Tant d’anniversaires de personnages ou d’événements historiques, cette année encore. Tous importants. Mais pas tous heureux, c’est peu dire.

De Wever, Di Rupo, Albert II, May, Merkel, Trump, Obama, Poutine, Gorbatchev ? Gagnants ou perdants de l’histoire ? De quelle histoire ? Aux yeux de qui ? Et en regard de quoi ?

S’il fallait ranger ces événements et ces personnages dans deux colonnes, l’une  » les bons « , l’autre  » les mauvais « , ou  » ceux qui ont fait du bien  » et  » ceux qui ont fait du mal « , ce serait souvent pure formalité. D’office, les guerres, classées dans la catégorie  » négatifs « . Comme les séismes. Les épidémies. Les carnages. Les bourreaux, aussi. Encore que, les bourreaux, les tyrans, les massacreurs, les sanguinaires, on en trouve toujours quelques-uns, plus nombreux qu’on le pense, pour les placer au rang des  » positifs « . Mais dans l’ensemble, en vertu des législations et des valeurs démocratiques, ces individus-là ne peuvent qu’être classés au rayon des parias de l’histoire. L’exercice est, en revanche, beaucoup plus ardu lorsqu’il faut étiqueter des personnalités au CV moins éclaboussé d’infamie. Un faux pas vaut-il forcément le passage au purgatoire, voire le direct pour l’enfer ? La trahison, surtout si elle a mené à la misère collective, occulte tout le reste, oui, sans doute. Mais, à l’échelle de toute une vie, au milieu de mille réussites, quid d’un choix malheureux, une maladresse, la poisse, une lâcheté, une incompétence, un casting raté ? Nécessairement cause de condamnation et damnation éternelle ?

Prenons quelques sommités toujours en vie. Où caser aujourd’hui, dans l’histoire, Bart De Wever, Elio Di Rupo, Charles Michel, Albert II, Theresa May, Angela Merkel, Donald Trump, Barack Obama, Vladimir Poutine ou Mikhaïl Gorbatchev ? Gagnants ou perdants de l’histoire ? De quelle histoire ? Aux yeux de qui ? Et en regard de quoi ? Obama, gagnant parce que premier président noir américain ou perdant parce que bilan décevant ou mesures détricotées par son successeur ? Albert II, gagnant parce que inopinément roi et finalement pas si mal que ça ou perdant parce que l’affaire Delphine ? May, l’obstinée ou la pathétique ? Merkel, à la fin, réussite ou échec ? Et de Poutine ou Gorbatchev, qui décide de qui sera pour toujours le sauveur et qui la calamité ?

La justice des hommes est à géométrie variable, selon les lieux et les époques. Celle de l’histoire n’est pas toujours fondamentalement différente. C’est en en tenant compte que nous dressons dans ce numéro un éventail de personnalités belges dont on retiendra plutôt, et pour toujours, les méfaits ou les erreurs. Les aveux d’incompétence ou le constat d’incompréhension.

Mais pourquoi évoquer des destins plus ou moins funestes ? Pour mieux se préserver d’autres, similaires, qui nous pendraient au nez.

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