Joseph Houssa, 30 ans de maïorat

Il a beau approcher les 83 ans, Joseph Houssa continue à tenir à son statut de bourgmestre comme à la prunelle de ses yeux. Et cela fait 30 ans que ça dure. Il l’a pourtant juré : ce mandat sera le dernier.

Ne cherchez pas d’ordinateur sur son bureau. Joseph Houssa aime diriger sa commune à l’ancienne. Au papier et au stylo. A bientôt 83 ans, le bourgmestre de Spa compte six mandats à son actif. Le maïeur le plus âgé de Wallonie. De la lassitude ? Aucune !  » Je suis un homme profondément heureux.  »

 » Il a toujours dit qu’il voulait mourir bourgmestre « , affirme Claude Brouet, conseiller communal Ecolo. Joseph Houssa l’a toutefois juré : ces élections étaient les dernières. En 2018, il cédera sa place à sa première échevine, Sophie Delettre.  » J’aurais 88 ans, tout de même !  » Et comme pour prouver sa volonté, il a délégué une bonne partie de ses compétences. Même les finances.  » C’est quelqu’un qui est véritablement obsédé par l’équilibre budgétaire, remarque Charles Gardier (MR), échevin du Tourisme. Il a toujours géré les comptes en bon père de famille. Même si ses nerfs ont été mis à rude épreuve ces derniers temps. Comme toutes les communes, Spa n’a pas été épargnée par les difficultés.  » Son autre fer de lance fut la relance économique.  » Quand le thermalisme social a pris fin, la ville a connu une période difficile, se souvient-il. En dehors de Spa Monopole, il n’y a pas d’autre activité industrielle sur le territoire. Le tourisme devait donc devenir notre moteur. Cela passait par la relance du commerce, la restauration du patrimoine immobilier, etc.  »

Ses fidèles comme ses opposants saluent son dévouement à la cause communale. Chaque matinée : permanences sociales. Et cela fait trente ans que ça dure.  » C’est quelqu’un qui vit entièrement pour sa commune, observe Pierre Bray, échevin de l’Emploi (PS). Il est impliqué à 200 %.  »  » Lorsque j’ai emménagé à Spa, c’est la première personne qui est venue me rendre visite, se souvient Claude Brouet. C’est quelqu’un de simple, de chaleureux. Il est très difficile de se disputer avec lui, car il a une bonne capacité d’écoute. C’est aussi un fin stratège.  »

Manque de courage politique ?

Voilà pour les compliments. Et au rayon des défauts ?  » Il est trop attentiste, estime le conseiller Ecolo. Il ne dit ni oui ni non. Or à un moment, il faut bien prendre une décision.  » Luc Peeters, chef de file de l’opposition Osons Spa (CDH) lui reproche aussi son consensualisme.  » Depuis 30 ans, il n’a jamais eu le courage de résoudre un dossier compliqué et d’affronter une partie de la population. Il manque de courage politique..  »

Les Spadois ne semblent toutefois pas lui adresser ce reproche. Sa cote de popularité fléchit à peine au fil des ans. En octobre 2012, il capitalisait encore 1 650 voix de préférence, là où sa dauphine Sophie Delettre en obtenait 500 de moins.

La succession risque d’être tumultueuse. Mais Joseph Houssa ne s’en alarme pas. En dehors de la politique, il a déjà tracé son avenir. Des promenades dans les bois, près de sa maison de famille située dans son village natal ardennais. Pour continuer  » à être profondément heureux « .

Dossier coordonné par Philippe Berkenbaum, avec Mélanie Geelkens et Frédérique Masquelier; Mélanie Geelkens

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