» Arrêtons de parler du plan B « , demande le ministre wallon de l’Economie. Le meilleur remède contre la N-VA ? Accélérer la mise en ouvre de la réforme de l’Etat.
Le Vif/L’Express : Le PS est en recul dans toutes les communes urbaines du bassin liégeois, sauf à Herstal et Oupeye. Doit-il se remettre en question ?
Jean-Claude Marcourt : Même s’il y a des éléments objectifs qui expliquent pourquoi nous avons subi cet événement, il n’en demeure pas moins qu’un parti politique, ça doit s’interroger. Pourquoi une partie de notre électorat se détourne de nous, pour privilégier l’extrême gauche ? C’est un fait important. Je crois que, dans les moments de crise, nous devons être beaucoup plus à l’écoute des gens. De plus, à force d’assumer des décisions gouvernementales, le Parti socialiste est parfois assimilé au gouvernement, alors que nous avons un projet propre. Cela fait partie des éléments sur lesquels on doit travailler.
Les dirigeants du PTB, vous les considérez comme des camarades de gauche un peu turbulents ou comme des ennemis ?
Le PTB reste un parti stalinien. C’est son droit, mais au moins, qu’il le dise ! Il a mis un peu de vernis pour faire croire qu’il a changé, mais son idéologie est la même qu’avant.
C’est un parti dangereux ?
Selon moi, l’extrême gauche telle que le PTB est un vrai problème pour la démocratie. Même si je n’assimile pas du tout l’extrême gauche et l’extrême droite.
La victoire de la N-VA aux élections communales vous conforte-t-elle dans l’idée qu’il faut accélérer la réflexion sur l’avenir de la Wallonie ?
Pas particulièrement. Ce que j’ai appelé le plan W n’est pas un plan en-dehors de la Belgique, c’est un plan pour dynamiser la politique industrielle de la Wallonie. Ce qui est arrivé dimanche ne change rien à ça. Les résultats confirment la percée de la N-VA en 2010, mais ne l’amplifient pas. Le CD&V n’est pas du tout sanctionné par rapport à 2010. Il n’y a ni raz-de-marée N-VA ni bouleversement du rapport de forces en Flandre.
C’est tout de même un avertissement : les indépendantistes restent la première force au nord du pays.
C’est pourquoi je plaide pour qu’on accélère le programme de la 6e réforme de l’Etat. La population flamande a besoin de voir ses effets de manière concrète. Aujourd’hui, personne n’est crédité des réformes, puisqu’elles n’existent encore que sur papier. Les partis signataires de l’accord doivent pouvoir se présenter aux électeurs en 2014 en présentant cet acquis-là. C’est une condition indispensable pour stabiliser l’Etat.
Bart De Wever appelle les francophones à accepter la transformation de la Belgique en un Etat confédéral…
On peut toujours réfléchir à de nouveaux transferts de compétences, il y a sûrement des matières qu’on peut encore régionaliser. Toute la question, c’est ce qu’on met dans le mot » confédéralisme « . Je suis régionaliste, pas confédéraliste. Mais en Belgique, on a souvent utilisé des mots pour des motifs symboliques. Si demain, on ne change plus rien à la structure de la Belgique, mais qu’on appelle notre système » confédéralisme « , pourquoi pas ?
Pour le ministre-président bruxellois, Charles Picqué, vouloir sauver la Belgique est une » illusion « .
Il faut arrêter d’hurler avec les loups. Cessons de parler du plan B ! Je ne me suis jamais inscrit dans cette logique-là. Je cherche des plans pour les régions, mais à l’intérieur du cadre belge. Nous avons vraiment intérêt à garder ce pays uni.
L’idée d’un lien territorial entre la Wallonie et Bruxelles, vous y avez renoncé ?
Non. Pas du tout. Je pense qu’un continuum Wallonie-Bruxelles, ce serait positif, souhaitable. Cela montrerait bien que les deux régions sont proches, et ça empêcherait certains de présenter Bruxelles comme au c£ur de la Région flamande. Mais je ne veux pas rouvrir le débat maintenant. L’enjeu majeur, c’est d’exécuter l’accord de gouvernement sur la 6e réforme de l’Etat et de s’occuper du socio-économique.
ENTRETIEN : FRANÇOIS BRABANT