» JE NE SUIS PAS UN DEALER « 

La Rilatine ne concerne pas que les enfants. De nombreux adultes en consomment également. On estime entre 1 et 4 % la population générale atteinte de TDAH. Comme François, 45 ans, expert-comptable. Chaque jour, il aligne des colonnes de chiffres, analyse des dossiers complexes. Il assume la responsabilité de sa société mais aussi de toutes celles qui lui font confiance. Certains jours, il a l’impression qu’il ne va plus y arriver. Les tableaux deviennent flous. Peur de l’erreur. Peur de l’échec.

Il y a deux ans, François a consulté un psychiatre qui l’a diagnostiqué hyperactif. Depuis, il prend de la Rilatine.  » Grâce au médicament, je me sens plus performant au travail mais aussi plus serein à la maison, explique-t-il. Et je ne m’énerve plus au volant pour un coup de klaxon.  »

Sujets au burn out

Pascale De Coster, présidente de l’association TDAH Belgique, a appris qu’elle était atteinte d’hyperactivité avec soulagement.  » Avant, on me disait que j’étais caractérielle, une grosse nulle. Aujourd’hui, avec l’aide de la Rilatine, j’ai apprivoisé mon hyperactivité. Je peux faire plein de choses, je suis super efficace.  »

Le Dr Pierre Oswald est psychiatre au centre Psy Pluriel à Uccle et au centre régional de soins psychiatrique les Marronniers à Tournai. Il reçoit de nombreux adultes pour des troubles liés à l’hyperactivité.  » Les personnes qui arrivent dans mon cabinet sont souvent complètement débordées, constamment sur la brèche, explique le psychiatre. Ces patients sont indépendants, représentants, commerciaux, artistes, politiques. Certains arrivent à tirer un bénéfice de leur TDAH : ils sont créatifs, motivés, multi-tâches. D’autres ne parviennent pas à gérer et sont sujets au débordement, au burn out. Ils sont souvent stressés, boivent un verre le soir.  »

 » A vie ?  »

Certains patients consultent en espérant juste améliorer leurs performances.  » A ceux-là, répond Pierre Oswald, je dis que je ne suis pas un « dealer », pas un distributeur officiel de Rilatine. Une chose est sûre : la Rilatine seule, à long terme, ce n’est pas bon. Il faut travailler en amont : changer ses habitudes, apprendre à dire non, à déléguer, à se relaxer, éteindre son ordinateur ou son iPhone après une certaine heure… Après seulement, la Rilatine peut entrer en ligne de compte. Au final, je ne la prescris qu’à un patient sur deux.  » Pour combien de temps ?  » C’est bien ma réflexion : suis-je condamné à ne plus m’en passer ?  » s’interroge François.

A.-C. H.

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