Intel à la croisée des chemins et des regards

Mis à mal sur le marché des processeurs pour PC, Intel croit encore au futur et présente une série de projets high-tech fascinants où la webcam occupe la tête d’affiche.

Pas de voiture volante ni de cyborg doué d’émotion. Intel sortait récemment sa boule de cristal pour sonder l’avenir du high-tech à Paris, sans épater la galerie. L’air du temps n’est plus aux visions extravagantes. Rendre la pluie invisible aux conducteurs, s’adresser à des webcams surdouées, filmer à 360 degrés… les projets mis en avant lors de cet Intel Future Showcase 2013 gardaient les pieds sur terre, mais valaient le détour. Affaibli sur le marché des processeurs pour PC de bureau – avec une baisse de son bénéfice net de 25 % ce premier trimestre -, le groupe de Santa Clara y présentait une série de projets appelés à se concrétiser à court et à long termes.

Parmi les démos les plus spectaculaires : Seeing Through Rain, un projet supprimant l’éblouissement provoqué par la lumière des phares sur des gouttes de pluie. Développé par un labo de l’université de Carnegie Mellon, ce concept attendu  » après-demain  » remplace les phares classiques de la voiture par un rétroprojecteur équipé d’une caméra détectant chaque goutte.  » Ce faisceau est comme divisé en pixels. Certains ne s’allument pas, évitant ainsi d’éclairer les gouttes de pluie. Il est même capable de prédire où elles vont tomber, précise John Tompkins, technical marketing engineer chez Intel. Le temps d’analyse est instantané, soit 13 millisecondes. A 30 km/h, les reflets diminuent de 70 %. On garde un bon ratio dans des conditions plus difficiles. A 90 km/h dans une tempête, on reste ainsi à 50 % « . L’ajout de caméras intelligentes dans les phares automobiles n’est toutefois pas une première. Egalement en projet, le Led Matrix High Beam d’Audi embarque des objectifs intelligents détectant les phares d’autres véhicules croisés sur la route. Le but ? Diminuer la puissance d’éclairage des feux de routes (les  » gros  » phares) et éviter automatiquement l’éblouissement.

Je vois, donc je suis

Gravitant autour du thème d’un quotidien plus simple, la dizaine de workshops qu’Intel déballait à Paris ne prétendait pas (directement du moins) à pousser les consommateurs à s’équiper d’ordis badgés Intel plutôt qu’AMD, son éternel concurrent.  » Les scénarios qui se dessinent sont perceptuels : l’informatique embarque des capteurs, elle sait où est la machine et même si vous êtes de bonne humeur. Elle devient plus pertinente qu’un outil simple, précise Stéphane Nègre, regional manager d’Intel en charge de l’Europe occidentale. Cette pertinence permet de suggérer une utilisation aux partenaires qui s’équipent de nos processeurs.  » Tendance bien ancrée chez ces derniers : créer des terminaux qui copient les cinq sens humains. Comme son Seeing Through Rain en témoigne, Intel mettait, lui, l’accent sur la vue future des ordis, qui passe par des webcams savantes.

Prometteur sur papier mais surfait, le Virtual Dressing Room d’Intel se profile ainsi comme une version primitive du Kinect de la Xbox 360 de Microsoft. On se poste devant un écran géant vertical équipé d’une caméra pour animer un avatar à son image qui essaye des vêtements. Aucune approche photo réaliste ici, contrairement au Virtual Fashion Mirror de Cisco, qui insère le vrai visage des clients pour des essayages virtuels plus convaincants.

Le milieu de la mode intéresse aussi les technos d’avenir. En témoignent les projections de textures d’Intel (vidéo-mapping 3D) sur des pièces de la collection de Frank Sorbier présentée lors de la Fashion Week de Paris, en juillet 2012, et l’apparition très remarquée des Google Glasses, il y a huit mois, au défilé de Diane von Fürstenberg à la Fashion Week de New York.

Filmer à 360 degrés

L’hyper-immersion était également à l’ordre du jour chez Intel avec la démo du 360° Wireless Display. Orienter un smartphone ou une tablette à 360 degrés autour de soi permet de regarder une vidéo sous tous les angles imaginables. Cette version en quelque sorte améliorée et animée du Google Street View colle parfaitement avec d’autres initiatives liées à la réalité virtuelle (VR), dont le come-back après vingt ans d’absence médiatique surprend. En témoigne, le Rift d’Oculus, casque financé à 1,87 million d’euros par des internautes via Kickstarter.

Intelligente, la webcam du futur ne se contente pas d’augmenter son angle de vue et sa résolution. Elle perçoit également son environnement en 3D, grâce à un capteur infrarouge accompagnant son objectif. Mouvement, relief et couleur du visage sont ainsi interprétés par l’objectif pour déverrouiller un PC sur l’application Face Log-On. Des conditions plus exigeantes que la technologie actuelle qui peut être détournée en brandissant une photo du visage du propriétaire de l’ordinateur.

Si cette démo douée s’aidait du Creative Interactive Gesture Camera, une webcam externe assez encombrante, la miniaturisation ne devrait pas tarder. De quoi également généraliser le contrôle de son ordinateur par des mouvements de la main, à la façon du Kinect de Microsoft. Mais aussi renouveler le chat vidéo avec Personify Chat qui détoure automatiquement les interlocuteurs filmés pour placer des fonds numériques. Pratique pour une présentation Powerpoint ou pour des vidéo blogueurs désireux de se mettre en scène à moindre coût. Le narcissisme sur le Web et le boom des réseaux sociaux, un autre business à creuser, à n’en pas douter.

MICHI-HIRO TAMAÏ, À PARIS

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