» Il n’est pas trop tard, Monsieur Di Rupo « 

Le préformateur nous annonce, seule véritable nouvelle – mais de taille – depuis son entrée en fonction, une révolution copernicienne en matière institutionnelle. Dorénavant les entités fédérées auront pleine et entière compétence en toute matière sauf celles expressément dévolues à l’Etat fédéral. Le centre de gravité décisionnel et politique se déplacera de l’Etat fédéral vers les Régions et les Communautés, lesquelles vont dès lors devoir rassembler et fédérer leurs habitants autour de nouveaux projets de vie porteurs d’avenir et d’espérance. N’est-il dès lors pas temps que les francophones prennent en main leur destin face à une Flandre qui sait ce qu’elle veut ? Elle se mobilise, entreprend, ose affirmer qu’elle construit un avenir. En un mot, elle a un projet de société pour ses concitoyens. Il est peut-être critiquable mais il a une finalité. […]

Une autonomie plus grande de la Communauté française et des Régions bruxelloise et wallonne doit être vécue comme l’opportunité de décider ensemble comment nous voulons vivre et à quel prix. […] Il faudra certes négocier, ce ne sera pas tâche aisée, mais par l’unité francophone nous y arriverons. Il nous faut pratiquer collectivement la réflexion du juste milieu. Celle qui n’élude aucune réalité, qui propose et résout. A force de n’être demandeur de rien, on finit par discuter de tout sans perspective, sans conviction mais surtout sans âme ! […]

Comment peut-on se définir un avenir commun si d’aucuns sont laissés sur le bord de la route ? Je suis libéral et réformateur. Je ne comprends pas cette stratégie de déni du préformateur qui se refuse à associer aux discussions institutionnelles le Mouvement réformateur, troisième formation politique du pays et deuxième de la Communauté française en termes de voix et grand parti démocratique à la tradition faite de responsabilité et d’ouverture. Nous ne sommes plus à l’heure des gagnants ou des perdants des élections, le PS ayant convié à la table des négociations deux partis francophones qui ont également perdu…

Il n’est pas trop tard, monsieur le président du PS, mais il est grand temps de vous ressaisir. […] Comment pouvez-vous imaginer un seul instant, en ces moments cruciaux pour le pays et nos concitoyens, que d’aucuns chez nous au sein du Mouvement réformateur n’auraient pas en vue l’intérêt commun et le sens de l’Etat ? Comment pouvez-vous croire que le FDF attaché au respect de la dignité des francophones veuille mettre à mal l’équilibre institutionnel de notre pays, alors que vous ne cessez de discuter avec des nationalistes flamands affirmés et décomplexés ? […]

Renaud Duquesne, avocat, conseiller communal à Marche-en-Famenne.

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