» Il m’a exclu de son parti « 

NOM ANATOLI IERMOLINE ÂGE 48 ANS EX-AFFECTATION AU KGB FORCES SPÉCIALES ANCIEN GRADE COLONEL AUJOURD’HUI DIRECTEUR DES PROGRAMMES SOCIAUX AU SEIN DE LA FONDATION ALEXEÏ KOUDRINE [EX-MINISTRE DES FINANCES]

 » Les films préférés de Poutine sont aussi les miens, notamment Dix-Sept Moments du printemps (NDLR : réalisé par Tatiana Lioznova et sorti en 1973, il raconte les exploits d’une sorte de James Bond russe, plus céré- bral, infiltré chez les nazis). Le rêve de tout garçon soviétique était de devenir militaire, diplomate ou, mieux encore, espion.

 » Pour ma part, j’ai intégré le Fanion en 1984, l’année où Poutine, âgé de 33 ans, est parti à Dresde. Le Fanion était une unité d’élite du KBG où l’on était à la fois parachutiste, plongeur sous-marin et chasseur alpin. Nos troupes opéraient clandestinement à l’étranger : en Angola, au Mozambique, au Nicaragua, etc. J’ai passé un an en Afghanistan, où j’infiltrais les groupes de bandits locaux afin de les détruire. Ensuite, j’ai travaillé pour le Centre de réduction du risque nucléaire, pendant la crise des euromissiles. Sur la base aérienne de Francfort/RheinMain, alors en Allemagne de l’Ouest, j’ai photographié les missiles américains Pershing II…

 » J’ai quitté le KGB en 1994 et rejoint Ioukos, la société pétrolière de Mikhaïl Khodorkovski (NDLR : emprisonné depuis dix ans). En 2003, j’ai été élu député de Russie unie, le parti pro-Poutine. L’année suivante, l’assaut des forces spéciales, lors de la prise d’otages de l’école de Beslan, a provoqué 350 morts, en majorité des enfants… Peu après, j’ai mis sur Internet une lettre ouverte à Poutine : « Rapport au roi nu » ; une note d’analyse sur le carnage de Beslan et les enseignements à en tirer. Le ton était cinglant : je lui parlais de colonel à colonel, lui reprochant de détruire les valeurs de l’Etat au profit de ses intérêts personnels, car Poutine a instrumentalisé Beslan pour renforcer son pouvoir. Très vite, j’ai été exclu de Russie unie. Le Kremlin a ordonné aux médias de me boycotter et j’ai fini mon mandat de député sans accès aux journalistes.

 » Je compte toujours, au FSB, de nombreux amis qui sollicitent mon avis. Pendant les manifestations anti-Poutine de l’hiver 2011-2012, mes ex-collègues se lamentaient :  »La situation du pays est mauvaise mais, à part Poutine, il n’y a personne. » J’ai pris la parole :  »Ecoutez, il y a 40 colonels dans cette salle. Les membres de cette assemblée sont-ils moins bien formés ou moins intelligents que lui ? » Le silence fut interminable. « 

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