» Il appartient à chacun de nous de trouver son chemin « 

Repérée par un agent littéraire belge, l’auteure australienne brosse le portrait d’une amazone, à la Calamity Jane, qui allie la bravoure à l’amour de la vie. Une histoire basée sur des faits réels.

Avec sa robe fleurie et son panier en osier, Courtney Collins a un air de Holly Hobby. Mais détrompez-vous, cette douceur camoufle une part de noirceur qui lui permet de pénétrer au coeur des êtres.  » La terre se gondole sous l’effet de toutes les histoires qu’elle recèle…  » Ici, la romancière nous renvoie au cri d’un nouveau-né retraçant l’histoire de sa mère, Jessie. Alors qu’elle est recueillie par un homme violent, à sa sortie de prison, l’héroïne refuse de se laisser enfermer. Cette cavalière hors pair se bat pour survivre, que ce soit face à l’hostilité des humains ou de la nature. Basée sur des faits réels, la saga de cette magnifique rebelle nous offre une ode à la liberté. Une aventure féminine portée par une plume poétique et féline.

Le Vif/L’Express : Votre roman s’intitule Sous la terre. Que permet d’extraire l’écriture ?

Courtney Collins : En étudiant la vie de Jessie Hickman, je me suis mise à explorer mon histoire familiale. Dire qu’elle se compose de boxeurs et de fossoyeurs (rires) ! Ça tombe bien, un écrivain a besoin de se battre pour creuser au plus profond. La fiction consiste à transgresser les frontières, quitte à se mettre en péril. Il en résulte une empathie cellulaire avec mes héros, tant je vis dans leur peau. Le titre anglais est L’enterrement car il révèle les parts cachées et les non-dits. Le nouveau-né, qui prend la parole, représente l’aspect enfoui de mon héroïne : sa douceur et sa vulnérabilité.

Qu’est-ce qui fait la force de Jessie Hickman ?

Je n’étais qu’une ado quand j’ai découvert cette femme sauvage, qui volait des chevaux et du bétail. Evoluant dans la montagne, elle semblait si éloignée de mon univers sécurisé. Cette capacité à vivre dans une telle animosité m’impressionne. Outre sa puissance physique et son agilité, cette  » femme-cheval  » refuse la défaite. Son existence baigne dans la violence. Vendue par sa mère, elle connaît la prison et une relation brutale avec un homme. A travers son parcours et celui de Jack, j’explore l’histoire taboue d’Australie. Celle des esclaves et des hors-la-loi désireux de tracer une liberté hors de la société. Jessie vit pour connaître la paix. Elle m’émeut parce qu’elle reste ouverte à la beauté et à l’amour.

Comment préserver sa loyauté face à des êtres privés  » de loi intime et de mythe pour régler leur vie  » ?

Il s’agit d’un roman sur le destin, où chacun possède son mythe et sa poésie. Parfois, il en ressort la meilleure part de soi, mais ce n’est pas toujours le cas. Certains personnages ont une morale, d’autres ne vivent que pour eux-mêmes. Ce sont les plus dangereux car ils ne possèdent pas de force intérieure et ne tiennent pas compte d’autrui. Aussi ce livre s’interroge-t-il sur l’existence de valeurs héroïques en ce monde.

Est-ce aussi un hymne à la liberté et à la vérité ?

Oui, si l’on possède sa vérité, on peut avancer. Alors que Jessie a vécu derrière les barreaux et que Jack a été entravé par sa condition d’aborigène, ils possèdent l’instinct de liberté. Autre symbole de liberté, les paysages montagneux constituent un protagoniste à part entière. Loin d’être tendre, la nature possède un côté sauvage, révélant qui on est vraiment. Jack et Jessie font preuve de résilience en se maintenant debout et en ayant conscience de la liberté dont ils ont été privés. Leur victoire ? Comprendre qu’il existe une vie au-delà du monde qui les sanctionne. Il appartient à chacun de nous de trouver son chemin.

Sous la terre,par Courtney Collins, Buchet Castel, 343 p.

Kerenn Elkaïm

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