© GETTY

Hypertension: Plus de motivation, moins de médicaments

Un mode de vie propice à une bonne santé cardiovasculaire est particulièrement recommandé en cas d’hypertension, surtout lorsque le patient prend des médicaments antihypertenseurs.

AVC, infarctus, insuffisance cardiaque ou rénale : les  » incidents  » ou maladies du coeur et des vaisseaux méritent tous une attention soutenue. Ils sont en effet une source fréquente de dépendance aux soins mais aussi la première cause de mortalité à l’échelon planétaire. On estime que plus de la moitié des 17 millions de décès provoqués chaque année par les maladies cardiovasculaires à travers le monde est directement liée à une tension trop élevée… Pas étonnant, car une pression artérielle au repos qui reste durablement supérieure à 140/90 mmHg représente une charge lourde et continue pour le coeur et les vaisseaux (voir encadré).

Dans quelques rares cas, l’hypertension peut résulter d’une pathologie spécifique, comme un dérèglement surrénalien.  » Le plus souvent, elle découle toutefois d’une combinaison de facteurs génétiques encore largement inconnus. Ce qui ne signifie pas que le mode de vie ou d’autres facteurs externes n’ont aucun impact, précise le Pr Thomas Vanassche, cardiologue à l’UZ Leuven. Le surpoids, le manque d’activité physique, une consommation élevée d’alcool et certains médicaments, par exemple, peuvent contribuer à une tension élevée. Néanmoins, celle-ci peut également se développer chez les personnes qui ne présentent aucun facteur de risque externe. Il est donc toujours recommandé de la faire contrôler à intervalles réguliers.  »

Adapter son mode de vie

Certaines mesures pourraient déjà avoir des effets non négligeables, comme en témoignent les résultats des études mentionnées dans les dernières recommandations de l’European Society of Cardiology et de l’European Society of Hypertension pour le traitement de l’hypertension (European Heart Journal. 2018 ; 39(33) : 3021-3104).  » Les participants hypertendus voyaient leur tension systolique diminuer de 1,2 mmHg en moyenne en modérant leur consommation d’alcool et de 5,4 mmHg en limitant leurs apports en sel, clarifie le Pr Vanassche. Faire plus de sport abaissait même cette valeur de près de 10 mmHg et une perte de 5 kg de poids corporel, de 4,4 mmHg. Et lorsque la tension systolique diminue de 10 mmHg, le risque de décès cardiovasculaire recule de 10 à 15 %, le risque d’AVC de 35 %, le risque d’infarctus de 20 % et le risque d’insuffisance cardiaque, de 40 %.  »

Mais l’effet d’une vie saine sur la tension n’est pas le seul bénéfice, souligne le Pr Vanassche :  » Le surpoids, le manque d’activité physique et une consommation élevée d’alcool sont en effet déjà en eux-mêmes des facteurs de risque cardiovasculaire à côté de l’hypertension. Leurs bénéfices ne peuvent donc pas se jauger uniquement à leur effet hypotenseur ! Abaisser la tension n’est donc pas un but en soi, mais plutôt un moyen de prévenir les maladies cardiovasculaires. Une approche globale de l’ensemble des facteurs de risque revêt une importance capitale. Arrêter de fumer, par exemple, n’affecte guère la tension, alors que c’est l’une des mesures les plus efficaces pour abaisser le risque cardiovasculaire. Et il va sans dire qu’un régime sain pour le coeur et les vaisseaux – comme le régime méditerranéen – est tout particulièrement recommandé aux sujets hypertendus ou qui présentent d’autres facteurs de risque cardiovasculaires.  »

Hypertension: Plus de motivation, moins de médicaments

Combinaison avec des médicaments

Cependant, chez nombre de patients hypertendus, rétablir une tension normale ne suffit pas, explique Thomas Vanassche :  » Une normalisation rapide de la tension réduit le risque de dommages vasculaires et organiques. C’est pour cette raison que, conformément aux recommandations en vigueur, nous commençons pratiquement toujours par des adaptations du mode de vie et la prescription de médicaments lorsque le patient présente de façon répétée des mesures tensionnelles supérieures à 140/90 mmHg. Chez une petite partie d’entre eux, nous pouvons nous permettre d’attendre 3 à 6 mois pour voir si l’adaptation du mode de vie suffit à elle seule à abaisser la tension au niveau voulu. C’est le cas chez les personnes avec une hypertension légère (moins de 160/90 mmHg) et en bonne santé – comprenez, sans dommages organiques liés à l’hypertension ni autres signes d’un risque cardiovasculaire accru. Ce n’est que chez les plus de 80 ans en bonne santé que le seuil pour l’introduction d’un traitement pharmacologique est un peu plus souple : nous n’envisagerons chez eux des médicaments qu’à partir de 160/90 mmHg.  »

Les mesures touchant au mode de vie sont toutefois essentielles également chez les patients sous antihypertenseurs.  » Grâce à leur effet hypotenseur, elles peuvent permettre de réduire la dose de médicaments. Et qui dit moins de médicaments dit aussi moins d’effets secondaires, ajoute le Pr Vanassche. Ce point n’est pas sans importance, car l’hypertension elle-même ne provoque généralement pas de plaintes visibles, alors que les médicaments peuvent avoir des effets indésirables passablement gênants.  »

Les différents types d’antihypertenseurs ont tous des effets secondaires potentiels qui leur sont propres, comme par exemple des chevilles gonflées ou une sensation de fatigue. Si ces effets indésirables surviennent, il est important d’en parler à son médecin.  » Avec le large éventail de médicaments à notre disposition, nous parvenons pratiquement toujours à trouver, en concertation avec le patient, un traitement parfaitement toléré. Il s’agit souvent d’une combinaison de plusieurs produits faiblement dosés – idéalement en un seul comprimé, pour le confort du patient. Si cela suffit à abaisser la tension en-dessous de 140/90 mmHg, nous essaierons ensuite de descendre en-dessous de 130/80 mmHg… mais uniquement si le traitement est toujours bien supporté, car la prévention des problèmes de demain ne peut pas se faire au prix de la qualité de vie d’aujourd’hui !  »

Hypertension: Plus de motivation, moins de médicaments
© Getty Images/iStockphoto

Quelles mesures ?

La tension ou pression artérielle se mesure en millimètres de mercure (mmHg). On parle d’hypertension lorsque le patient présente, lorsqu’il est détendu, une tension systolique moyenne d’au moins 140 mmHg et/ou une tension diastolique moyenne d’au moins 90 mmHg – des valeurs obtenues lors de mesures répétées réalisées au cabinet médical. Les seuils pour les mesures réalisées à domicile par le patient lui-même (à l’aide d’un appareil électronique calibré et validé) sont encore un peu plus faibles, puisqu’il n’y a pas dans ce cas d’effet blouse blanche.

Les valeurs les plus précises sont toutefois obtenues par une mesure de la tension sur 24 heures réalisée à l’aide d’un appareil portable, ont révélé des recherches récentes (JAMA. 2019 ; 322(5) : 409-420). Cette mesure prend en effet également en compte la tension nocturne, qui ne peut pas être influencée par les émotions, le stress, l’effort ou les repas, par exemple.

Hypertension: Plus de motivation, moins de médicaments
© GETTY

Conseils Bodytalk : Pour préserver votre coeur et vos artères

– Arrêtez de fumer.

– Visez un BMI entre 22,5 et 25 kg/m2 et un tour de taille de moins de 94 cm (hommes) ou 80 cm (femmes). BMI (Body Mass Index) = poids(kg)/taille(m) x taille(m).

– Pratiquez au moins 5 jours par semaine une activité physique d’intensité modérée (marche, vélo, natation…) qui vous force à respirer plus profondément.

– Limitez votre consommation d’alcool à maximum 10 unités par semaine.

– Adoptez une alimentation saine et équilibrée de type  » régime méditerranéen « .

– Si votre tension est déjà trop élevée, limitez votre consommation de sel à maximum 5 grammes par jour.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire