Hard Rock around the Grand-Place

Quinze ans après son échec anversois, Hard Rock Cafe revient en Belgique par la grande porte : il ouvrira en juin sur la Grand-Place de Bruxelles. Sacrilège ? Les illustres voisins sont sceptiques.

Après Prague, Vienne et Cracovie, c’est Bruxelles qui accueillera, dès juin, son premier Hard Rock Cafe. Niché dans un bâtiment du XVIe siècle au n°12A de la célébrissime Grand-Place, l’établissement dédié aux légendes du rock s’étendra sur 500 mètres carrés et plusieurs étages. Au menu : un restaurant  » classique  » de 150 couverts, une estrade ouverte aux concerts live, un bar lounge et une boutique de produits dérivés. Si, comme dans les autres hamburger restaurants de la chaîne, les murs arboreront des reliques du rock, le temple bruxellois se parera aussi d’une exclusivité : le Rock Wall Solo. Un mur tactile interactif qui permettra aux fans de faire un tour virtuel au sein des 174 établissements de la société répartis dans 53 pays.

Malgré un échec cuisant à Anvers il y a quinze ans, Hard Rock Cafe tenait à s’implanter sur la Grand-Place. Des négociations avaient été entamées pour investir la maison Aux Armes de Brabant (n° 28, au coin de la rue des Harengs), mais elles ont avorté. Coup de poker : le bail finalement signé porte sur une durée de dix-huit ans.  » Nous lorgnions depuis plusieurs années la Grand-Place. C’est un endroit prestigieux, fréquenté par 8 millions de personnes chaque année « , argue Calum MacPherson, vice-président Europe de l’enseigne. Les bénéfices pour la communauté restent difficiles à estimer. Seule certitude : 110 emplois seront créés.

Mais une enseigne dont l’héritage culturel repose sur la  » junk food  » et dont le rock suave est l’antienne ne laisse-t-elle pas planer une menace sur la perle du patrimoine bruxellois ? A la Ville, on précise que les architectes des Monuments et Sites veillent scrupuleusement au dossier. Et qu’à l’instar des autres commerces des environs Hard Rock est soumis au règlement communal d’urbanisme zoné Unesco, notamment en matière d’enseignes lumineuses.

 » La volonté des promoteurs est de rester très discret en surface car, comme toutes les maisons de la Grand-Place, la façade du bâtiment est classée « , confie Christophe Neuenschwander, consultant auprès du courtier immobilier CB Richard Ellis. L’intérieur offre plus de liberté.  » La plupart des matériaux d’époque seront conservés. Le reste sera remodelé avec la touche de design propre à l’enseigne.  »  » Chacun de nos établissements a une touche personnalisée. Il s’agit avant tout de préserver les aspects patrimoniaux et de veiller à l’harmonie du quartier. Tout en devenant un acteur économique et culturel incontournable « , ajoute le vice-président Europe.

Quel public ?

Chez Atrium, l’agence publique chargée de relancer certains noyaux commerçants de la capitale, la nouvelle a été accueillie positivement.  » Le quartier a souffert de magasins de souvenirs un peu cheap, commente le directeur général, Pierre-Yves Bolus. Mais ce nouveau venu va relever le niveau global de l’offre et drainer un nouveau public.  »

Les futurs voisins sont plus circonspects.  » Sur la Grand-Place, il y a une ligne de conduite très simple : il faut offrir des spécialités belges et bruxelloises « , prévient Tony Rodriguez, directeur de la Maison du Cygne.  » Hard Rock a négocié un très bon bail, mais je ne crois pas que leur offre soit adaptée. Le public bruxellois est très conservateur. Quant aux touristes, ils ne portent que peu d’intérêt à ce qu’ils connaissent déjà.  » Chiche ?

RAFAL NACZYK

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