Le ministre Detienne prépare discrètement l’exclusion d’enfants atteints de handicaps divers. Les services d’accueil de jour, qui assuraient leur prise en charge hors des heures scolaires, verront leurs activités supprimées et partiellement remplacées par l’accueil de handicapés adultes. Ces jeunes, qui étaient encadrés par des équipes multidisciplinaires, se retrouveront au sein de leur famille et… à l’école primaire conventionnelle, où l’enseignant, tout motivé qu’il est, ne pourra ralentir le rythme de son programme pour accorder à l’élève déficient l’attention dont il a besoin.
Ces enfants se retrouveront au fond de la classe et… sans acquis. Sans acquis donc, pas possible pour ces jeunes de se débrouiller un jour pour gagner leur vie, fût-ce dans un métier manuel, artistique ou dans un milieu protégé.(…)
Pour le ministre, l’intégration, c’est déposer, dans des classes déjà saturées, l’un et l’autre enfant différent. On les verra moins que s’ils restaient groupés, n’est-il pas ?
Le contribuable ne s’apercevra pas de ce recul social. Il pourvoira, docile, aux besoins financiers du département du ministre Detienne, avalisant sans le savoir ce projet sinistre, qui sape le moral d’équipes dévouées et compétentes, jamais comptables de leurs heures, lesquelles s’évertuaient à tirer vers le haut des jeunes déficients mentaux, en collaboration avec leurs familles. (…)
Curieuse idée de l’intégration… Ces enfants-là ont une famille, c’est évident. Les plus favorisées feront le maximum pour leur enfant handicapé. Mais elles ne pourront plus compter sur le contact riche et dynamique qu’elles avaient avec les équipes éducatives des semi-internats. Ces mêmes parents, qui pouvaient exercer une activité professionnelle à peu près normale, se verront obligés de jongler avec leurs horaires pour récupérer à l’école l’enfant qui était auparavant pris en charge de 7 h 30 à 18 heures par les semi-internats. (…)
L’enfant y recevait le suivi adapté à son handicap. Désormais, les parents assumeront les rendez-vous, les salles d’attente, les déplacements. Certains s’épuiseront. D’autres déclareront forfait. D’autres n’auront ni le temps ni l’argent pour le faire (…).
Le ministre a-t-il pensé à cette frange de travailleurs de l’ombre qui ont tout donné de leur temps et de leur compétence à ces « enfants-là ? » Ces artisans, indispensables au projet de vie des moins favorisés d’entre nous, se trouveront à la rue ou seront amenés à prendre en charge le handicap adulte qui ne leur est pas familier, avec, de toute façon, l’amertume d’avoir été floués. (…).
Fabienne Willame, Pont-à-Celles