George a rejoint John

Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Le Beatles le plus ouvert s’est éteint à l’âge de 58 ans. Il laisse le souvenir d’un « troisième homme », sensible et éclectique

John Lennon d’abord, revolverisé devant le Dakota Building à New York. Linda McCartney ensuite, la femme de Paul: emportée par le cancer, maladie qui vient aussi d’emporter George Harrison, victime d’une tumeur au cerveau. Une mort précoce pour le premier cercle des Beatles, comme conclusion triste et prématurée au fabuleux rêve de musique et de gloire des sixties…

La disparition de George Harrison intervient après des rumeurs multiples de maladie qui ont suivi une agression particulièrement violente: le 29 décembre 1999, un déséquilibré, Michael Abram, pénétrait dans la propriété d’Harrison au nord de Londres et parvenait à asséner pas moins de dix coups de couteau à l’ex-Beatles, avant d’être assommé par la femme de celui-ci.

Près de trente ans après la dissolution des Fab Four, la Beatlemania continue à engendrer des réactions hors-norme chez nombre de fans marqués par le phénomène socio-musical le plus important de l’après-guerre. Si Harrison a pleinement fait partie des Beatles, entité indissociable et chimique dominée par le tandem Lennon-McCartney, il en a toujours un peu souffert. Coincé entre John, le génie acariâtre, et Paul, le faux gentil, le cadet George – né le 25 février 1943 – s’est toujours battu pour apporter une ouverture musicale et philosophique au sein du groupe. Il lui faudra beaucoup de ténacité pour pouvoir intégrer – surtout dans la seconde partie des années 60 – ses propres compositions dans les disques des Beatles.

Solitaire

Avec Lennon, Harrison entretenait des relations passionnelles, orageuses, peut-être soumises à un éternel complexe vis-à-vis de son talentueux aîné. George n’avait guère apprécié les critiques acerbes de John sur la personne du Maharishi Mahesh Yogi en 1968: pour lui, la culture indienne était sans doute la seule façon de survivre dans le tumulte des Beatles. Et de libérer une pensée indépendante et spirituelle, qui aura eu, certes, quelques conséquences sonores au sein-même des Beatles, mais bien davantage en-dehors du quatuor de Liverpool.

En solo

Harrison deviendra le premier Beatles à expérimenter en solo avec, en 1968, Wonderwall Music, BO d’un film, justement, « expérimental », concoctée avec des musiciens indiens. Sa carrière solo, riche de treize disques, sera pour le moins inégale. Mais, avec le triple album (récemment réédité en CD) All Things Must Pass, paru en 1970, il prouvait sa maîtrise de la chanson rock « idéale », notamment avec le tube mondial My Sweet Lord (même si la paternité de celui-ci sera ensuite contestée par les Chiffons). Outre un engagement pour le tiers-monde, via le disque et les concerts pour le Bangladesh, Harrison s’impliquera dans l’industrie du cinéma, via sa société Handmade Films. Amateur de voitures rapides, sa course s’est tristement arrêtée fin novembre… Sa musique personnelle, elle, mérite d’être redécouverte.

Philippe Cornet

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