Le génocide arménien a fait environ un million de morts entre 1915 et 1916. © belgaimage

Génocide arménien : traduire, c’est se reconstruire

« Comment faire le deuil de ce qui n’a plus de lieu ?  » est l’interrogation existentielle à laquelle Janine Altounian, cotraductrice des OEuvres complètes de Freud/ Psychanalyse et fille de survivants du génocide arménien (1915-1916), confronte le lecteur dans L’effacement des lieux (PUF, 280 p.). Le livre conte la quête des racines et de l’identité de l’auteure au sein d’une famille exilée en France où le silence sur la tragédie a eu valeur de protection.  » Pour pouvoir hériter des survivants à la mort « de là-bas », il me fallait exprimer ma dette envers eux en traduisant leur héritage dans la langue « d’ici », à l’intention de ceux que j’appelle « les non exterminables du moment » « . Le retour sur les lieux de déportation de ses grands-parents et parents à Bursa en Turquie, le spectacle des vestiges effondrés de la présence arménienne et la traduction du  » Journal de déportation  » de son père, contraint d’abandonner sa mère pour survivre, contribueront à sa  » reconstruction « .  » D’enfants de victimes, les descendants de survivants deviennent peu à peu sujets de leur histoire « , grâce à  » l’élaboration d’un passé traumatique  » et  » l’intégration culturelle […] au pays d’accueil « . Alors se trouvent-ils confrontés aux questionnements des citoyens actifs dans la cité, dont celle-ci :  » Comment l’héritier de survivants, « migrants » des années 1920, peut-il affronter les « migrants » d’aujourd’hui ?  » Il ne le peut pas, répond Janine Altounian, parce que les conditions d’accueil sont bien plus désastreuses. Un essai poignant.

Génocide arménien : traduire, c'est se reconstruire

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