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Fantôme de l’enfance

Dans Villa Chagrin, Gail Godwin confronte Marcus, 11 ans, aux multiples plis du deuil et à l’énigme d’une propriété abandonnée sur l’île de sa grand-tante.

La littérature anglo-saxonne est truffée de soudain orphelins contraints d’aller résider chez un parent lointain, généralement de mauvaise volonté ou vénal. Voilà exactement ce qu’anticipe avec crainte Marcus, 11 ans, quand on lui indique que sa grand-tante, peintre farouchement indépendante résidant sur une île de Caroline du Sud, va désormais s’occuper de lui. Mais contre toute attente, Charlotte et son nouveau colo- cataire très introspectif trouvent leur équilibre, dans un respect feutré des aspérités de l’autre. L’environnement n’est d’ailleurs pas à un mystère près pour un gamin en plein ressac émotionnel. Entre naissance miraculeuse de tortues caouannes et villa au nord hantée par la disparition ancienne de toute une famille, Gail Godwin a la minutie adéquate pour laisser Marcus naviguer encore un peu à vue dans les bains troubles entre enfance et adolescence. Si ce dix-septième roman de l’auteure américaine ne manque pas de diffuser sa mélancolie, il est aussi nimbé d’une lumière enveloppante qui nous encourage à y déambuler à pieds nus, entre deux marées, hors-saison.

Villa Chagrin, par Gail Godwin, traduction de l'anglais (Etats-Unis) de Marie-Hélène Dumas, éd. Joëlle Losfeld, 336 p.
Villa Chagrin, par Gail Godwin, traduction de l’anglais (Etats-Unis) de Marie-Hélène Dumas, éd. Joëlle Losfeld, 336 p.

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