" Prendre du retard, c'est laisser du temps au désir, ne pas répondre immédiatement aux "sms" ", juge Hélène L'Heuillet. © getty images

Et si on réapprenait à perdre du temps ?

 » La conscience professionnelle, aujourd’hui, relève quasiment de l’héroïsme (voire de la dissidence) ou de la folie, puisqu’elle est choix du retard. Le professeur qui prend le temps de lire ses copies ou les mémoires de ses étudiants, l’artisan qui essaie son produit avant de le livrer, le peintre qui attend que la première couche de peinture ait séché avant d’appliquer la seconde se mettent en retard sur des échéances conçues en simples termes de productivité.  » Ce constat dressé par la philosophe et psychanalyste Hélène L’Heuillet explique qu’elle ait choisi, dans son dernier essai, de faire un brillant Eloge du retard (Albin Michel, 180 p.).  » Se mettre en retard est devenu une véritable hantise. Si bien que tout nous porte à la précarité. Même les enfants aujourd’hui doivent se dépêcher de quitter l’enfance « , insiste l’auteure. Or,  » à refuser de perdre « du » temps, on perd le temps, le temps subjectif, le temps qui fait qu’on existe, qu’on a le sentiment de vivre sa vie, la sienne et pas celle des autres « . Dans sa démonstration, Hélène L’Heuillet souligne en quoi le sommeil, la tristesse ou la contemplation sont utiles à la pleine jouissance de la vie.  » S’attarder est accéder à une autre forme de plaisir que celui que promet le faux hédonisme consumériste « , promet la philosophe. On ne perd en tout cas pas son temps à la lire.

Et si on réapprenait à perdre du temps ?

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