Enseignement: des opinions contrastées

Professeur de français et d’histoire depuis trente-cinq ans, je désire donner l’avis d’un « homme de terrain » sur la « faillite » de l’enseignement secondaire en Communauté française. D’abord, je veux dire les raisons de cet échec, malgré tout relatif:

1. L’enseignement rénové et son « bêtisier »: l’exigence et la rigueur délaissées au profit de la facilité (…).

2. L’incompétence, mêlée au désir de réformer, de nos hommes et femmes politiques; l’école de la réussite chère au papillonnant Di Rupo, l’égalitarisme recherché par celui-ci… et aboutissant à l’effet contraire; la réforme des rythmes scolaires de M. Mahoux (une semaine de congé-carnaval en-dehors de la semaine de carnaval); l’obsession budgétaire de Mme Onkelinx, sacrifiant 3 000 emplois, alors que le racket, la drogue, la violence ont fait leur entrée dans de nombreuses écoles; aujourd’hui, les inepties de M. Nollet dans l’enseignement primaire, faisant croire que l’égalité existera quand tous les enfants seront oisifs chez eux…; la troïka ministérielle…

3. La démotivation profonde de beaucoup de professeurs. La profession a été dévalorisée, prolétarisée même. Il faudra attendre 2004 pour avoir « une croûte de pain ». Lamentable! L’enseignement est devenu aussi un métier d’appoint, occupé par de plus en plus de femmes et par des hommes dont un certain nombre exerce une autre activité lucrative ! (…)

4. L’ineptie de la Communauté française qui ne génère aucune plus-value, qui mendie toujours et qui est toujours en déficit.

Au-delà des critiques, ce qui est essentiel pour « remonter la pente »:

1. Revaloriser pécuniairement, de manière substantielle, les enseignants, de façon à rendre la fonction plus attractive.

2. Améliorer la formation des enseignants: pourquoi ne pas créer une « licence de l’enseignement », articulée sur l’université et sur les écoles normales existantes ?

3. Rendre l’enseignement à ceux et à celles qui le vivent sur le terrain; restaurer la confiance et, surtout, faire en sorte que l’exigence, la connaissance, l’apprentissage, les exercices à l’école et à domicile retrouvent leur importance.

4. Vouloir que l’école ne soit pas seulement le reflet de la région où elle se situe mais, au contraire, apporte les compensations aux jeunes de cette région: l’enseignement n’a de valeur que s’il tire vers le haut !

5. Prendre conscience que « donner des chances égales pour tous » ne signifie pas « égalitarisme » et, par conséquent, espérer que la Wallonie se détache d’un socialisme collectiviste débilitant. (…)

Jean-Marie Romain, Saint-Vaast

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